Originaire de Valence, le label Casbah Records a tracé son joli petit sillon dans le décor bordélique de la musique binaire française. C'est pourtant avec une triplette d'adhérents helvètes (et pas vraiment neutres) qu'il vient se présenter à Lyon au Marché Gare pour une nuit pas piquée des Edelweiss. Revue d'effectif.
Composé de Fabian Sigmund (au départ seul aux commandes) et de son ami Domi Chansorn, Faï Baba donne depuis une décennie dans la pop psyché teintée de blues cosmique (de moins en moins enragé) et de country hallucinatoire (quelque chose de Sparklehorse sous codéine, pléonasme). Si son récent single Can't Stop loving you ressemble à un câlin entre George Harrison et John Lennon chez le Maharishi Mahesh Yogi, c'est aussi particulièrement vrai sur son dernier album en date, le bien nommé Sad & Horny ("triste et excité") : comme une séance de hot yoga sur une peau de bête.
Ceux qui suivent les aventures de Robin Girod (chanteur-guitariste à la coiffe de Tahiti Bob helvète) au sein du trio de rock cajun Mama Rosin ou du duo Les Frères Souchet, connaissent déjà cette autre tête musicale poussée dans l'esprit dudit. Ce triple canard gris (traduction approximative) nous était apparu en 2015 avec l'album Here come, avant d'accompagner l'été dernier nos étapes du Tour de France avec l'irrésistible single Ride my bike et son clip tout en effets spéciaux à deux francs suisses (leur spécialité). DDGD ce serait du garage bouillant invoquant aussi bien un Blues Explosion complètement soul que des Black Keys perclus de Cramps. Avec, en prime, ce dont les groupes de Robin Girod ne se sont jamais départis : un sérieux (sic) sens de l'humour.
Dans sa version Romain Gary, Adieu Gary Cooper est l'histoire d'un Américain qui fuit ses obligations au Vietnam en se réfugiant en Suisse avec pour seul bagage une photo de Gary Cooper, se passionnant pour deux spécialités locales : le ski et les lingots d'or. Au programme du groupe du même nom, tout aussi passionnant : des textes dont l'écho politique ne l'emporte jamais sur la résonance poétique, défouraillés sur des rythmiques en boîte et des synthétiseurs 80's lardés de riffs ascensionnels. La rencontre en alpage entre la ligne Bashung/Capdevielle et The War on Drugs emballée dans la colère sensible et virile d'Outsiders (le titre de leur dernier album) à la Gary (Cooper et Romain). Redoutable.
Casbah Records night : Faï Baba + Duck Duck Grey Duck + Adieu Gary Cooper
Au Marché Gare le vendredi 13 octobre