Le « sale con » est de retour !

Pierre-Emmanuel Barré, humoriste qui s'affuble lui-même de l'insulte qui nous a servi de titre (d'où les guillemets – on est plutôt polis sinon), revient sur scène avec un Nouveau spectacle tout aussi trash que lui. Très efficace.


Dans le registre humour noir, la référence en France depuis quelques années est Gaspard Proust, sorte de Desproges des années 2000, véritable timide masquant ses failles sous une acidité redoutable. Un (involontaire) chef de meute qui n'empêche pas certains de ses confrères de se placer eux aussi sur ce créneau, avec plus ou moins de talent – l'humour noir raté, ne serait-ce pas ce qu'il y a de pire au monde avec les blagues sur les iPhone ?

Et dans cette famille acide, Pierre-Emmanuel Barré a lui aussi son (bon) mot à dire. En rafale même, d'où des textes moins lettrés que ceux de son confrère, mais tout aussi trashs. Ce qui lui assure des salles souvent pleines et une horde de fans prêts à s'esclaffer à la moindre vanne, qu'importe sa pertinence – quand on a découvert son nouveau spectacle cet été à Avignon, c'était saisissant.

« Allez voir Kev Adams »

Avec le bondissant Pierre-Emmanuel Barré (rien à voir scéniquement avec le Droopy Proust), on est sur de l'humour misogyne, vulgaire, très pipi-caca, qui surtout se fait un malin plaisir à aller le plus loin possible – comme ce passage de baston avec un bébé. Et à taper sur tout ce qui bouge, aspect bien mis en avant dans le synopsis du spectacle : « Vous cherchez un spectacle familial ? Vous voulez rire des petits travers du quotidien ? Vous aimez l'humour bienveillant et jamais vulgaire ? Alors allez voir Kev Adams, je ne veux pas de vous dans ma salle. Cordialement, Pierre-Emmanuel Barré. »

Un humour efficace gratuit (ce qui est tout à fait louable) qui devient par moments politique, comme lorsqu'il parle de son végétarisme – « Qu'est-ce que ça veut dire être abattu dans de bonnes conditions ? Tu ne peux pas tuer gentiment. Ce sont deux termes qui ne vont pas ensemble, c'est comme violer sensuellement. » Des écarts bienvenus qui donnent une épaisseur nouvelle à son délectable personnage de « sale con ».

Pierre-Emmanuel Barré
Au Toboggan le vendredi 3 novembre
Au Radiant le samedi 4 novembre 


<< article précédent
Mohamed Lamouri : l'enchanteur de la ligne 6