Voir l'invisible

À partir d'un thème a priori technique, les Archives municipales ont construit une expo très accessible qui raconte comment depuis plus d'un siècle, la radiographie a changé la manière de soigner le corps.


Dans cette bonne cité des Gaules qui fut pionnière en matière d'enseignement de médecine (avec l'implantation de l'école de santé des armées, l'école de médecine…) et qui est administrée désormais par un médecin-chirurgien, rien d'étonnant à ce que l'histoire de la radiologie soit présentée. Après l'invention des rayons X en 1895, cette technique va faire des progrès spectaculaires au cours du XXe siècle et sera tout particulièrement une aide précieuse lors du premier conflit mondial qui occupe une large part du parcours.
C'est presque une salle des merveilles qui introduit cette déambulation avec une bobine de Rochefort (pour stocker et transporter l'électricité), les plaques des Frères Lumière ou encore le gelativo-bromure d'argent nécessaire à ces examens. Toutes ces trouvailles vont prioritairement bénéficier aux Poilus, pris en charge à l'arrière du front comme en témoigne un album de radios de 1914 posé à coté d'énormes obus. Les blessures sont nouvelles, les photos de l'intérieur des corps très éclairantes.

Gueules (un peu moins) cassées

Le milieu politique et scientifique a bien conscience de la nécessité de développer ces connaissances-là. Les "Petite Curie", voiturettes – dont une est ici reproduite en carton – vont, à l'initiative de Marie Curie, sillonner les lignes de combat afin que les manipulateurs et radiologues prodiguent les premiers soins. Le Lyonnais Justin Godard sous-secrétaire d'État au service de santé en fin de conflit va ardemment soutenir ce projet.

En évoquant ensuite la naissance du scanner en 1971, la révolution qu'a constitué l'apparition du numérique et même le synchrotron qui permet de travailler sur des échelles infiniment petites, cette exposition se boucle avec fluidité, à mille lieues déjà de la création de la radio. Il fallait trois minutes en 1896 pour une radio du bassin, un centième de seconde suffit en 2017. Et cette découverte irradie au-delà de la médecine puisque les disciplines artistique et archéologique (datation, reconstitution) l'utilisent désormais.

Rayons X, une autre image de la grande guerre
Aux Archives municipales de Lyon jusqu'au 23 décembre


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