Ils sont (aussi) nés il y a 20 ans

1997, période prolifique : salle, groupes, éditeur, voici ceux qui ont aussi émergé cette année-là. (liste non exhaustive !)


Mediatone

Leur première fois c'était Louise Attaque au Pezner, un concert monté un peu comme ça, avant que le groupe de Gaëtan Roussel n'explose, et à vrai dire, il n'était guère prévu qu'il y en ait un deuxième. Résultat, il y en a eu plus de 800 avec quelques 2500 groupes programmés et 650 000 spectateurs accueillis. Voilà résumé en quelques chiffres, quelque peu vertigineux, deux décennies d'aventure Mediatone. Surtout, comme nous le racontaient aux printemps ses deux fondateurs Jérôme Laupies et Éric Fillion, l'association a su multiplier son champ d'activité à l'action sociale et à l'insertion, tout en se tenant arrimé à sa devise : « donner du plaisir aux gens cool et ouvrir l'esprit des autres. »


La Fosse aux Ours

Il en rêvait depuis ses vingt ans. Il attendra quelques années de plus. En 1997, juriste pour un office HLM, Pierre-Jean Balzan franchit le pas et fonde les éditions de La Fosse aux Ours. Après une première année forcément chaotique, le succès d'estime de Mon grain de sable de Luciano Bolis aidera beaucoup cet éditeur amoureux des auteurs italiens : il éditera beaucoup Mario Rigoni mais pas que et n'a jamais cherché à se développer, préférant travailler en solitaire. Un éditeur qui peut être fier de la place qu'il s'est faite dans l'estime des professionnels et amateurs de littératures. Et qui sur 140 bouquins publiés en vingt ans n'en regrette que quatre ou cinq. On doute que beaucoup d'éditeurs avancent un tel ratio.


Ninkasi

En 1997, le Ninkasi naissait d'une idée folle importée des États-Unis par Christophe Fargier : ouvrir un bar-restaurant qui brasserait sa propre bière à quelques mètres des clients. Après des débuts compliqués, dus en grande partie à l'isolement de Gerland où le Ninkasi s'est implanté, la proximité du stade et la Coupe du Monde 1998 font décoller l'affaire. Suivront une salle de concerts et plus d'une dizaine de restaurants, de Lyon aux Menuires, dont certains franchisés. Et un autre pari fou : l'ouverture de la production à l'art de la patience qu'est la distillerie de whiskys. Amusant pour un établissement au développement aussi fulgurant.


L'ENSATT

En plein mouvement de décentralisation des grandes écoles (l'ENA à Strasbourg...), l'école de la rue Blanche débarque à Lyon en 1997, sur la colline de Saint-Just. Faute de locaux suffisamment grands, les différents départements de cette formation sont éclatés dans Paris, or ce qui précisément fait la force de l'ENSATT est cette capacité à réunir tous les métiers du théâtre (technicien, administrateur, créateur de costumes, scénographe, acteur, dramaturge...). Une soixantaine d'étudiants entrent ici chaque année pour un cursus de trois ans placé sous la tutelle du ministère de l'Enseignement supérieur. Depuis 2011, l'école est aussi doté d'un théâtre accueillant essentiellement les travaux des élèves. S'il ne fallait en retenir qu'un, ce serait le comédien Jérémy Lopez qui désormais est sociétaire de la Comédie Française.


Le Peuple de l'Herbe

Leur tournée anniversaire est passée le mois dernier au Transbordeur, pour une séquence revival qui a mis le feu à la salle : Le Peuple a largement muté et pas mal grandi depuis, mais représente toujours intensément le son de cette époque, entre dub mutant, jungle épileptique et solide soubassement hip-hop. Le label Mo'Wax était passé par là, a donné des idées mises en pratique aussitôt par ce gang de DJs qui écumait alors les meilleurs fêtes de la ville avant de prendre possession de la bande FM via Couleur 3 : vite, il fût quasi impossible de danser ici sans un track du Peuple dans la nuit.


High Tone

Trois groupes ont façonné le french dub : Improvisators Dub à Bordeaux, Zenzile à Angers et High Tone à Lyon, remettant les instruments et la formation "façon rockeur" à l'honneur, donnant à une musique initialement conçue par et pour le studio ses lettres de noblesse en live. Au cœur d'une scène lyonnaise bouillonnante (Meï Teï Shô, Kaly...), High Tone s'impose vite en fer de lance par une mixture parfaitement dosée de basses implacables préfigurant le dubstep, de samples ethno dénichées par DJ Twelve et d'esprit rave venant exploser le skank traditionnel. Toujours vivants !


Artprice

C'est aussi cette année-là que Thierry Ehrmann crée Artprice, gigantesque base de données sur le marché de l'art et les cotations des œuvres. Le plasticien et instigateur de la fameuse Demeure du Chaos,  en compilant cette immense masse d'informations qui en fait aujourd'hui un incontournable, rompt avec les habitudes de discrétion du marché et se façonne encore un peu plus une image d'iconoclaste cyberpunk qui ne le quittera jamais.


<< article précédent
Quand Le Petit Bulletin naissait, l'OL était en transition