Tabagisme passif


Dans une interview, la chanteuse Fishbach, plutôt à son affaire sur le sujet de l'androgynie, déclarait être tombée des nues en apprenant que ce qu'elle croyait être la chanteuse de Cigarettes After Sex était en fait un chanteur (un certain Greg Gonzales). Combien aussi cette musique était la bande-son idéale de toute forme de câlin. Et donc d'autant moins celle de la cigarette d'après l'amour que pourrait laisser entendre son nom – ce que confirme le merveilleux titre Each time you fall in love, enregistré, paraît-il, dans une cage d'escalier, comme un clin d'œil à la fameuse citation de Clémenceau : « Le meilleur moment dans l'amour, c'est quand on monte l'escalier. Après ça se complique. »

C'est dire la confusion des sens dans laquelle Cigarettes After Sex plonge l'auditeur avec sa musique qui fume, compose des volutes dans le brouillard et y suspend des rideaux lynchiens. Confusion qui continue d'opérer avec cette impression pas très nette d'avoir déjà entendu cette musique quelque part. Par exemple du côté de Mazzy Star et de la ténébreuse Hope Sandoval, où l'on pratiquait pareil éloge de la douceur vénéneuse, de la langueur et de la lenteur.

Car voici un groupe, formé en 2008 mais ne publiant son premier album qu'en 2017 (lequel fait un tabac), qui sait prendre son temps et se laisser aller à la passivité. Preuve ultime d'une volonté de faire durer le plaisir des préliminaires. Peut-être pour accentuer celui de la cigarette de l'après.

Cigarettes After Sex
À l'Épicerie Moderne le jeudi 23 novembre


<< article précédent
Trublyon 2017