Ah non peut-être ! Oh oui, une fois !

On a trouvé de quoi faire remonter le thermomètre et oublier l'apathie hivernale qui pique déjà beaucoup trop : un bar belge au doux nom de Ah non peut-être !, qui signifie "oui" chez nos voisins d'outre-Quiévrain.


Un soir de novembre, du brouillard partout, un baromètre qui a le moral à zéro, une devanture rouge, de la lumière, une porte poussée, de la bonne humeur trouvée. Le lieu, ouvert le 27 octobre, compte quelques (déjà) habitués, une photo de la Grand-Place de Bruxelles et de l'Atomium, une douzaine de tables, une déco simple qui ferait rager les adeptes de Pinterest et d'Instagram, et des spécialités belges. Derrière le zinc, Patrick, allure à la Poje – le patron de bar rigolo et attendrissant imaginé par Cauvin et Carpentier – et sa femme Françoise, sont intarissables sur le plat pays. Ça tombe bien, on était en manque de mousse, de chicon, de tarte au riz (si vous n'en n'avez jamais goûté, il faut absolument y remédier), de Maitrank (idem) et de zizi-coincoin (itou).

Le choix des bières est vaste : six à la pression, près de vingt-cinq en bouteilles. On a beau adorer les bières locales, il faut l'admettre : la mousse belge a ce je-ne-sais-quoi qui vous retourne les deux ventricules en un rien de temps. Patrick appelle ça « le savoir-faire ancestral ». Il dépose sur la table une Rédor, une Pils non pasteurisée 100% malt (hyper rare, dans le monde de la Pils). « Nous ne sommes que vingt-cinq dans le monde à la servir au fût, et seulement deux en France. » Ça se boit vite. Très vite. On enchaîne sur la Blanche de Namur, élue trois fois meilleure bière blanche au monde. Elle est moelleuse, douce, et traître : elle s'avale fissa, elle aussi.

Une eau de Spa, une croquette au fromage de Chimay et un cornet de frites s'imposent. Là, même constat : les frites belges ont aussi ce je-ne-sais-quoi qui vous renverse le palpitant. Elles sont maison, cuites en deux bains de cuisson, moins grasses et plus épaisses que les françaises. « Et surtout, elles ont un goût de pomme de terre ! » taquine Patrick. Réminiscence de l'enfance, on demande du ketchup. Malheur. « Je vous apporte plutôt de la sauce Dallas – la même que celle de Dikkenek –, elle pique, faites attention ! » La gorge en feu, on commande une Saison Dupont, brassée dans le Hainaut, une blonde 100% bio.

C'est un cercle sans fin. Elle est douce, on sent bien le houblon, on a oublié la torpeur hivernale, Philippe Lafontaine chante à la radio « je n'ai qu'une seule envie, me laisser tenter », nous aussi, il nous reste trois pressions à tester, tout va bien. La Floreffe, bière brune d'abbaye, le Faro, lambic faible en alcool (si si) et la Barbar, bière tendre de dégustation.

Il faut éponger. Au choix, avec du pâté au chicon, des fricadelles, des moules-frites – « mais uniquement les mois en "bre" » –, des carbonnades – l'équivalent du bœuf bourguignon mais avec de la bière à la place du vin –, des boulettes sauce tomate – plat typique de Bruxelles –, de « l'américain », un tartare coupé finement accompagné d'une sauce dont Patrick refuse de donner la recette, « même sous la torture », et des frites, toujours et encore. En dessert, outre la fameuse tarte au riz incontournable, de la tarte au sucre, de la mousse et du tiramisu spéculoos. « Vous reprendrez bien une petite mousse ? » nous propose Patrick. « Ah non peut-être ! »

Ah non peut-être !
47 rue Garibaldi, Lyon 6e
Tél : 09 67 45 27 10


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