Gadagne, incarné


Il avait fait peau neuve en 2009, essuyant même un incendie qui avait retardé l'ouverture. Puis, vitrine de Lyon parmi d'autres, ce double musée (des marionnettes et d'Histoire de la ville) a vécu quelques années d'événements tous azimuts (dont une très belle exposition dédiée à la gastronomie) sous l'ère de sa directrice précédente.

Depuis l'arrivée de Xavier de la Selle en 2015, ce musée emprunte une nouvelle voie avec des moyens certes réduits, une mutualisation un peu forcée par sa tutelle (avec le musée Malartre de l'automobile de Rochetaillé puis celui de l'Imprimerie et de la Communication Graphique) mais une ligne claire : être un « musée de ville », et non un musée d'Histoire de la ville comme on l'entend classiquement. Nulle envie de jeter par-dessus bord les travaux scientifiques des historiens. Mais un refus que les particularismes locaux ne soient montrés qu'au travers des pièces de collectionneurs, qui « reflètent le goût des élites » et non pas la vie de tous selon Xavier de la Selle.

Il s'agit désormais de montrer au musée les enjeux contemporains et à venir d'une cité et de prendre en compte ses habitants. C'est ce qui guidera la refonte du parcours permanent, dont l'échéance n'est pas encore fixée, avec cet objectif de montrer la ville comme un objet mouvant dans un endroit fatalement figé, le musée. Il doit être nourri d'apports supplémentaires, comme le volet artistique, voire loufoque qui se déploie dans Lyon sur le divan.

Au centre Mémoire et Société du Rize qu'il a longtemps piloté, Xavier de la Selle avait expérimenté au cours d'expositions très émouvantes la façon tangible, presque palpable, dont peut être transmise l'histoire d'une population. Nous revient encore le bruit du couscous sur le tamis d'une Algérienne évoquant, sans la nommer, mais l'incarnant pleinement l'immigration de Villeurbanne. Il y a bien une dimension sensorielle à explorer, qui sans occulter la part scientifique, la complète dorénavant. C'est ainsi que se profilent les musées de Gadagne de demain grâce à un directeur attentif tant aux contenus qu'aux équipes qui les font vivre et aux visiteurs.


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Lyon sur le divan : quand la ville s'allonge