Tous aux abris !


Tant pis pour les plus jeunes ! L'Institut Lumière n'ayant toujours pas, à l'heure où nous écrivons ces lignes, divulgué les films retenus pour ses “séances famille“ des vacances, nous nous rabattons avec une joie non dissimulée sur le deuxième long-métrage de Jeff Nichols — celui qui l'a révélé au grand public en 2011 — Take Shelter. On y suit l'interprète fétiche du réalisateur de Mud, Michael Shannon, dans la peau d'un ouvrier lambda qui, brusquement, va dévisser et se persuader de l'imminence d'une catastrophe naturelle. Hanté par des rêves et des visions terrifiantes, à la lisière de basculer dans la folie, ce dénommé Curtis veut croire en une prémonition, même s'il n'exclut pas une atteinte psychiatrique. Et agit en bon père de famille, façon Noé moderne, en construisant un abri pour les siens (voire malgré eux), quitte à ce qu'on le prenne pour un dangereux illuminé. Michael Shannon pouvant afficher, même sans le vouloir, un faciès des plus inquiétants, on y croit volontiers.

Réalisé avec un sens de l'épure parfait, Take Shelter peut se considérer, à bien des égards, comme un pari. S'agit-il d'un authentique film fantastique (en ce cas, le héros est un prophète) ou du voyage au cœur d'une psychose térébrante ? Curtis serait alors un parano de la plus belle eau, d'autant plus angoissé qu'il a redouté d'être malade… Pour trancher, il faut évidemment attendre le dénouement, sans espérer quelque sorte de victoire pour les personnages : cataclysme d'un côté, pathologie de l'autre, avouez que l'on a vu plus jovial comme happy end. Allez, bonne année…

Take Shelter
De Jeff Nichols (EU, 2h01) avec Michael Shannon, Jesscia Chastain...
À l'Institut Lumière du 4 du 6 janvier 


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