Les méprisés de l'Amérique

Sioux, Blackfeet, Navajos et tous les autres peuples amérindiens survivent aujourd'hui dans une Amérique qui les relaie au second plan de son Histoire et d'une réalité contemporaine. Les enjeux de ce devoir de mémoire, qui passe ici par la photographie, sont aussi importants que la peine de cette nation.


C'est sans colère, mais avec une sagesse militante et écologique que le peuple amérindien tente de préserver son histoire, et de s'approprier terre, culture et langue qu'on leur a un jour arrachés. Difficile de ne pas garder en mémoire l'ethnocide commandée par l'Homme Blanc et  les images des bisons massacrés. Mais l'Amérique n'est pas prête. Elle est même dans le déni, et l'élection de Donald Trump en est la preuve, symptôme d'un pays aliéné et fou de domination, de capital et d'armes.
 
Cette exposition est à l'image de ce constat : l'art prend le rôle que la politique aurait dû endosser depuis longtemps, celui du devoir de mémoire, et d'ancrer culturellement les Amérindiens dans la modernité. Carlotta Cardana montre la résilience d'une jeunesse revendicatrice avide de sauver la culture de leurs ancêtres, mais fière d'avoir intégré les codes d'une société qui continue de les rejeter. Dans une autre série de portraits, Marion Gronier fait le même constat en photographiant les petits-enfants des guerriers que Edward S. Curtis - célèbre ethnologue et photographe défenseur des droits des Amérindiens - avait photographiés cent ans plus tôt. 
 
La culture, mais aussi la terre et son équilibre écologique ont été dévastés, ou s'apprêtent à l'être, par l'industrie minière et pétrochimique, et de nouveaux éclaireurs se sont mis en chemin pour protéger ce qui leur est sacré en construisant raisonnablement et en résistant aux envahisseurs avides de ressources. « Les indigènes mourront peut-être, mais vous serez les prochains. » Une mise en garde qui fait réfléchir.
 


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