2018 : Rhabillé·e·s pour l'année

Janvier annonce la seconde rentrée cinéma de l'année. Avec son lot de promesses, d'incertitudes et, surtout — on l'espère — d'inconnues. Voyez plutôt…


Ce que l'on sait…

Préparez-vous à quatre uppercuts d'entrée. D'abord, 3 Billboards, les Panneaux de la vengeance de Martin McDonagh (17 janvier), un brillant western contemporain aux faux-airs de frères Coen qui ne cesse d'épater par ses rebondissements déroutants, ses personnages peaufinés et sa réalisation impeccable. Trois lauréats de la Mostra se succèderont ensuite sur les écrans : L'Insulte du Libanais Ziad Doueiri (31 janvier), ou comment une querelle de voisinage se transforme en affaire d'État (et vaut un prix d'interprétation masculine à Venise) ; Jusqu'à la garde de Xavier Legrand (7 février), glaçant drame de l'après séparation qui sourd d'une tension permanente et le poétique Lion d'or vintage de Guillermo del Toro, La Forme de l'eau (21 février), conte façon Belle et la Bête revisitant la Guerre froide et les fifties.

Ce que l'on attend…

Le Janus Spielberg, qui n'avait rien livré depuis deux ans, revient aux affaires avec un de ces doublés dont il a le secret : un film “sérieux” ET un pur divertissement. Premier sur les écrans, Pentagon Papers (24 janvier) combine trame politique, Tom Hanks et Meryl Streep — du lourd pour les Oscars. Il sera talonné par Ready Player One (28 mars), adaptation d'un roman d'Ernest Cline espérée depuis des mois par les gamers, les amateurs d'expérience immersive et d'anticipation. Fera-t-il la passe de trois en débarquant à Lyon en octobre ? Soyons patients : l'eau du Rhône et de la Saône peut encore couler d'ici là.

On sait qu'il affectionne le sur mesure ; n'empêche : Daniel Day-Lewis a annoncé que Phantom Thread (14 février), où il interprète un couturier sous la direction de Paul Thomas Anderson, l'a tant éprouvé qu'il ne tournerait plus. Pas de panique : il avait fait le coup il y a quinze ans ; rien n'est perdu.

Rayon animation, on guette deux réalisations en stop motion : la nouvelle production des Studios Aardman, Cro Man de Nick Park (7 février) et le Wes Anderson, L'Île aux chiens (11 avril), lequel ouvrira à nouveau la Berlinale. À voir, faut-il le préciser, en v.o. pour profiter de Bill Murray, Edward Norton, Brian Cranston, Jeff Goldblum, Scarlett Johansson, Greta Gerwig. Tiens, puisqu'on parle d'elle, on est très curieux de voir son long-métrage Lady Bird (28 février) avec Saorise Ronan, un drame plutôt bien accueilli aux États-Unis et récompensé aux Golden Globes.

Ce que l'on espère…

Ah oui, il y a Cannes dans le premier semestre et donc une sérieuse chance de voir s'amarrer à la Croisette quelques supertankers. Riche de son César pour Elle, Verhoeven aura son billet d'office avec Sainte Vierge (non daté) où Virginie Efira joue à la bonne sœur lesbienne. On formule des vœux pour que Leos Carax soit aussi du voyage, surtout si sa comédie musicale Annette (non datée) est au moins aussi géniale que Holy Motors. Ainsi que Lars von Trier : s'il n'est plus persona non grata, son The House that Jack built (non daté) pourrait monter les marches. Asghar Farhadi est dans les starting-blocks, puisque son film hispanophone Todos lo saben (avec Penelope Cruz et Javier Bardem, comme Woody Allen) sera sur les écrans le 9 mai. Ce n'est pas le cas de Place publique d'Agnès Jaoui, prévu au 18 avril ; mais on suppose qu'elle pourrait retarder d'un mois sa sortie pour figurer dans le tourbillon festivalier. Il y a enfin fort à parier qu'un hommage soit rendu à Terry Gilliam autour de L'Homme qui tua Don Quichotte (non daté), film autrefois maudit désormais achevé.

Besoin impérieux de liquidités ? Disney a en tout cas manqué l'occasion de dater son prochain spin off de Star Wars “May the fourth”… Solo de Ron Howard et Christopher Miller (23 mai) racontera les exploits du goguenard pilote du Millennium Falcon survenant avant l'Épisode IV. Il aura aussi pour fonction de réconcilier avec la série une base de fans passablement courroucés par Les Derniers Jedi — Pas vrai, Chewie ?


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