Architecte de l'air

Hans-Walter Müller s'est fait une spécialité des structures gonflables à destination de l'habitat ou de l'art. Le CAUE retrace le très singulier parcours de ce jeune homme de 85 ans.


À l'extérieur du CAUE (Conseils d'Architecture, d'Urbanisme et de l'Environnement, présents dans chaque département) est implanté un drôle de tipi translucide jaune fluo. C'est un exemple de ce qu'Hans-Walter Müller produit comme construction. Dans le parcours d'exposition présenté telle une frise à multiples entrées, c'est la génèse de ces inventions qui est retracé et leur développement. Au commencement, il est un étudiant brillant diplômé de polytechnique à Darmstadt (Allemagne) puis de l'école des Beaux-Arts de Paris. Enfin, il intègre l'atelier Jean Prouvé de l'École des Arts et Métiers. Mais ce passionné de magie va développer l'art cinétique et réfléchit à comment faire d'un objet gonflable une surface de projection d'images.

C'est dans les années 60 que tout cela affleure comme le rappelle une des "cases" de l'expo avec la « cabine de relaxation » présentée au Musée d'Art Moderne de Paris en 1967 dans Lumière et mouvement. Cette drôle de chose qui paraît si avant-gardiste à l'heure de la méditation à tout crin, contribuera à sa renommée. Et lui met le pied à l'étrier dans le domaine artistique puisqu'il sera par la suite approché par Merce Cunningham, Maurice Béjart, Jean Dubuffet, Dali pour mettre son savoir-faire au service de leurs spectacles. Quelques images de scénographies des productions du metteur en scène franco-argentin Jorge Lavelli sont aussi montrées ici. HWM a contribué notamment à la Comédie-Française, en 1976, au décor du Roi se meurt, « une régie de 38 robinets d'air qui permettaient la réalisation de mouvements lents du volume jusqu'à sa disparition totale » !

Roue libre

Ces objets d'air ont aussi été mis au service d'opérations écologiques, événementielles (le toit de la grande scène de la Fête de l'Huma qui servira durant vingt années) mais aussi d'habitations. Depuis 1971, il vit, travaille et réalise ses créations dans l'un de ces volumes à la Ferté-Alais (Essonne).

Ce concept de gonflable est aussi lié à la notion d'éphémère qui séduit tous les milieux. Ainsi, il a pu construire un volume abritant les commerces de Sarcelles durant la période de réfection d'une place ou un théâtre itinérant pour les JO de Barcelone. Ou très récemment, en 2016, un autre volume pour l'accueil de migrants place de la Chapelle. Pas toujours très esthétiques, ces installations joignent cependant la créativité à l'utilité et dessinent en creux les contours du parcours de cet homme inventif, géomètre comme en témoignent des panneaux techniques liés au développement qu'il a fait de la topoprojection, composition d'images projetées sur une construction dédiée ou un volume déjà existant. Il a notamment en ce sens, travaillé sur le principe de « cathédrale d'images », notamment à Vézelay.

Hans-Walter Müller, La Vie à l'œuvre
Au CAUE jusqu'au 31 mars


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