Sugarland

Pour prouver la nocivité du sucre, un Australien s'impose le régime moyen de ses compatriotes et observe les résultats sur son organisme. Une plongée terrifiante dans nos assiettes donnant envie de gourmander nos dirigeants. Sans aucune douceur.


Après avoir découvert ce documentaire, le moindre hydrate de carbone d'extraction industrielle vous semblera plus pathogène qu'un virus Ebola fourré au cyanure ; même l'écoute d'un titre de Sixto Rodriguez vous incitera à tester votre glycémie à jeun et d'expier par précaution avec une heure de step. Sortant sur les écrans en pleine période de détox, Sugarland aura-t-il une influence sur le consommation des crêpes au sucre durant la Chandeleur d'ici moins de dix jours ? Peu de chances, en tout cas, de le voir programmé dans des salles vendant du pop-corn : il y a des limites au masochisme.

Le réalisateur australien Damon Gameau, lui, l'est tout de même un brin. Suivant le principe de Supersize Me! (2004), il s'inflige devant la caméra pendant deux mois le régime “normal” d'un de ses compatriotes comptant 40 cuillères à café de sucre quotidiennes (!) Des sucres cachés, présents dans l'alimentation transformée en apparence saine et/ou bio, qu'il ingurgite donc sans même recourir à la junk food. Évidemment catastrophiques, les résultats sur son organisme révèlent non seulement l'ampleur d'un scandale sanitaire mondial, mais aussi une réalité diététique : l'inéquivalence des calories.

Cassonade ne tienne

Gameau a tourné dans son pays, ainsi que sur le sol américain. Là où l'on vend les portions les plus “généreuses” ; là où l'on vit aussi les premières études scientifiques recommandant la consommation quasi-prophylactique de sucres, au plus grand profit de l'industrie agro-alimentaire  et des producteurs de maïs (la base du sirop de glucose-fructose) — des chercheurs trouvant précisément ce qui arrange les grosses sociétés, c'est beau à pleurer. 

Alors, il rappelle que le glucose est plus addictif que la cocaïne ; il dénonce aussi l'imposture “santé” du smoothie qui prive l'organisme de fibres et donc ne le rassasie pas, mais le sature de sucres inexploitables, donc convertis en graisses. Puis montre la croisade d'un dentiste ambulant luttant pour réparer les gueules d'ado édentés à force de téter du soda depuis le biberon…

Pour être sûr d'être vu (et assimilé), Gameau a eu la nécessaire idée d'enrober son message inquiétant ou ses plans de bouches cariées de séquences chamarrées. Et de recourir à des guests de luxe (Hugh Jackman, Stephen Fry…) dans de petites saynètes à croquer. Comme disait Mary Poppins, « c'est le morceau de sucre qui aide la médecine à couler… » Heu, non… enfin vous voyez l'idée…

Sugarland de et avec Damon Gameau (Aus, 1h30) documentaire avec également Hugh Jackman, Stephen Fry, Kyan Khojandi…


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