Porcelaine à quatre mains

Les Lyonnais peuvent se montrer frileux quand il s'agit de grimper une colline, surtout celle de Fourvière pour aller visiter le Nouvel Institut Franco-Chinois où se niche l'exposition de Niek Van de Steeg, Transporter le territoire,  qui vaut pourtant l'ascension.


Nous vous en parlions dans notre numéro de rentrée, de cette exposition où l'Orient et l'Occident se rencontrent dans un précieux dialogue entre deux artistes : Niek Van de Steeg, plasticien et professeur à l'École Nationale de Beaux-Arts de Lyon, et Guahua Wu, peintre décorateur chinois. « Pendant ma résidence en Chine à Hangzhou (au printemps 2017), je décide de produire une œuvre en porcelaine dans la ville de Jingdezhen, capitale chinoise de la porcelaine » : Niek van de Steeg s'est alors mis en tête de trouver un peintre capable de retranscrire sept dessins représentant le parcours du Rhône. 

Mis côte à côte, cette frise géographique fait défiler les différents paysages en bordure du fleuve, depuis sa source suisse dans le glacier du Rhône jusqu'à sa fin de course dans les Bouches-du-Rhône. Un paysage ponctué d'infrastructures créées par la main de l'homme qui génèrent une importante pollution et destruction de l'environnement. Centrale nucléaire, aéroport, raffinerie, ce transport du territoire, ou plutôt du paysage est un manifeste de l'anéantissement des ressources naturelles ourlant le fleuve. La pollution, un thème cher à l'artiste qui l'avait inspiré pour l'intitulé de sa précédente exposition, à l'Espace arts plastiques Madeleine-Lambert de Vénissieux en résonance avec la Biennale.

Niek Van de Steeg crée des ponts comme ici, à l'Institut Franco-Chinois, avec la collaboration entre deux artistes d'horizons culturels très éloignés. En Chine, Guahua Wu travaille à la chaîne et peint majoritairement sur de la porcelaine, il n'est jamais sorti de sa province et n'a malheureusement pas pu venir voir l'exposition de cette œuvre à quatre mains. Dans sa traduction des dessins de Steeg, l'artiste a parsemé le parcours du fleuve d'éléments iconographiques chinois. On aperçoit des chapeaux et des barques aux bouts pointus, et c'est dans le bleu du fleuve et dans la végétation, notamment des arbres, que le peintre nous donne à voir le style de la peinture traditionnelle chinoise : précise, ornementale et poétique.

Niek Van de Steeg
Au Nouvel Institut Franco-Chinois jusqu'au 18 avril


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