Au fond du cœur


« Ce n'est sûrement pas de briller / Qui nous empêchera de tomber / Ce n'est sûrement pas de tomber / Qui nous empêchera de rêver » chantait Pierre Lapointe en 2006 sur le morceau-phare de La Forêt des Mal Aimés, hymne pop irrésistible emporté par une armée des violons fous et déclamé façon Charles Aznavour à la schlague.

Depuis, Pierre Lapointe n'en finit plus de briller, est sûrement tombé quelque fois, mais met en forme un à un des rêves de plus en plus fous.

Visuellement, sur scène avec ses scénographies folles ou dans ses clips, véritables merveilles de pop art bourrées de références secouées par la sérendipité onirique des sommeils étranges.

Musicalement aussi, où son art sans frontière de concilier l'avant-garde, la variété et la pop fait des merveilles, tant dans l'efficacité qui donne des fourmis dans les jambes que dans la subtilité qui mouille les yeux.

En cela, tout cela, La Science du cœur est un aboutissement esthétique absolu, qui mélange plus que jamais et avec une cohérence jamais atteinte, expérimentations contemporaines et formats chansons, minimalisme (le piano Glass-é de Naoshima) et envolées symphoniques pince-sans-rire autant que romantiques, avalanches de références pop (Mon prince charmant, Sais tu vraiment qui tu es ?), mise à nue totale (les bouleversants Le Retour d'un amour et La Lettre), torrents de poésie aux reliefs triviaux (La Science du cœur).

Autant de manières de poser sur fond d'amour fou, les réflexions existentielles d'un scientifique du cœur sans calcul, préférant les avant-postes des sentiments à l'arrière-garde de la raison.

Pierre Lapointe, La Science du cœur (Audiogram / Columbia)


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Pierre Lapointe : « Faire le lien entre l'avant-garde et les arts populaire »