Amélie Casasole : « je vais amener plus d'art du mouvement »

À 43 ans, et après avoir dirigé l'Atrium de Tassin, Amélie Casasole vient tout juste de prendre ses fonctions à la tête du Théâtre de Villefranche, dont Alain Moreau a fait depuis 1992 un lieu culturel majeur de la région. Comment envisage-t-elle cette nouvelle ère ? Réponses.


Sur quels critères êtes-vous sortie gagnante des 56 candidatures ?
Amélie Casasole : Je suis allée sur le terrain. Un projet culturel ne se décrète pas. Ce qui m'intéresse, au-delà du Théâtre de Villefranche que je connaissais bien pour y avoir été spectatrice chaque saison, c'est comment articuler ce projet au territoire. J'ai rencontré énormément de gens : les associations culturelles, les services de la ville (jeunesse, archives...). Je me suis intéressée à la manière dont les gens vivaient à Villefranche et dans l'agglomération. Il ne faut pas regarder que du côté de la programmation et de la diffusion.

C'est un théâtre pluridisciplinaire avec chanson, danse, théâtre (parfois international, comme avec Ostermeier l'an dernier). Va-t-il le rester ?
Oui, c'est ce qui fait la spécificité de ce théâtre et qu'il est bien identifié. Il n'y aura pas de changement pour le festival Nouvelles Voix car il fonctionne très bien et ça permet d'avoir un public de jeunes qui revient après. Par petites touches, je vais amener un peu plus d'art du mouvement (cirque, magie nouvelle...), des spectacles en itinérance.

Il y avait ici une résidence de trois ans proposée à un artiste de théâtre (Laurent Brethome, David Gauchard, Guillaume Bailliart...). Comment cela va-t-il se poursuivre ?
J'ai fait le choix de prendre quatre artistes associés. Je voulais qu'ils soient les porte-voix de la programmation et de formes diverses. Il y aura deux compagnies de théâtre, des jeunes : Étienne Gaudillère, de la compagnie Y, qui a monté Pale blue dot (sur WikiLeaks) ; on va co-produire son prochain spectacle avec la scène nationale de Sète. Il faut du théâtre d'actualité, d'aujourd'hui.

Lucie Rébéré et Julie Rossello de la compagnie La Maison nous rejoignent aussi. Ces Lyonnaises, suivies par la Comédie de Valence, s'inscrivent dans un maillage régional et forment un duo d'autrice / metteuse en scène qui va nous amener à faire un travail sur l'écriture dans le territoire. Elles créent Atomic man à Valence, je le prends en diffusion et on va participer à la co-production. Et elles présenteront Cross ou la fureur de vivre (sur le harcèlement moral sur Facebook d'une jeune fille de treize ans) directement dans les collèges.

Nous allons travailler avec la compagnie de cirque Virevolt et enfin avec un artiste non local [NdlR : qui a eu un Molière de la révélation théâtrale 2009 pour La Commission centrale de l'enfance], David Lescot. Il écrit ses spectacles et c'est aussi un musicien. La saison prochaine, on va certainement accueillir une petite forme sur Nina Simone. L'année suivante, nous co-produirons et diffuserons sa grande forme, une comédie musicale.

Comment est réparti le financement de ce théâtre ?
Le budget est de presque deux millions d'euros provenant, dans l'ordre pour les subventions publiques, de la ville de Villefranche, la Région, l'agglomération de Villefranche-Beaujolais-Saône, le Département, la communauté de communes de l'Ouest rhôdanien (pour le projet d'itinérance précisément) et des recettes de billetterie importantes car il y a plus de 3800 abonnés, ainsi que des mécènes.

Le public vient beaucoup du Beaujolais mais aussi de l'Ain, car nous sommes très près. Et les Lyonnais se déplacent beaucoup sur les Nouvelles Voix et les têtes d'affiche comme le metteur en scène Tiago Rodrigues (les 6 et 7 février avec Bovary) ou le récital à venir de Christophe.


<< article précédent
Christa Théret : « J’ai besoin de sentir le centre de la terre »