Belle et Sébastien 3 : le dernier chapitre

de et avec Clovis Cornillac (Fr, 1h37) avec également Félix Bossuet, Tchéky Karyo…


Comme si la montagne lui tombait sur la tête ! Sébastien, qui a désormais douze ans, apprend que son père veut l'emmener au Canada, loin de ses alpages chéris. Pire que tout, Joseph, un odieux bonhomme débarqué de nulle part, revendique la propriété de Belle et de ses trois chiots…

Après deux opus touristiques sentant le foin, le vieux poêle et les années cinquante, on n'attendait plus grand chose de Belle et Sébastien, si ce n'est une nouvelle collection de chandails qui grattent et de guêtres en flanelle. Pur objet de producteurs, confié de surcroît à un réalisateur différent, chaque épisode de ce reboot du feuilleton de l'ORTF a déjà l'air d'être la rediffusion de Heidi contre Totoro. Alors, quelle heureuse surprise que ce volet qui, en plus d'annoncer clairement la fin de la série, le propulse dans une direction inattendue.

Comme dans Harry Potter, gagnant en noirceur au fur et à mesure que le héros-titre prend de l'âge, Sébastien s'approche de l'adolescence en se confrontant à l'arrachement et à la perte de ses référents d'enfant. Ici, la privation de son maousse objet transitionnel, en l'occurrence la chienne protectrice et maternelle, est l'enjeu majeur d'un film freudien, plein de nuit et de mort. En cela, il se rapproche du vrai conte, dans sa version non expurgée, avec un côté Nuit du chasseur pas désagréable.

Clovis Cornillac signe donc le meilleur des trois volets et s'octroie en bonus le rôle du parfait salaud, un emploi qu'il endosse rarement. Dommage, car il sait s'y montrer parfaitement inquiétant. Avec ou sans cheveux.


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