Papier Carbone

Quelques mois après son site (et avant son application), Carbone lance une revue homonyme. Un bel objet pour asseoir un non moins audacieux projet transmédia méritant de laisser son empreinte…


Ebdo, Vraiment et maintenant Carbone… Le papier serait-il en train de signer un grand retour alternatif dans les kiosques et sur les étals des libraires ? L'équipe de cette nouvelle revue y croit dur comme du diamant — lequel, comme chacun le sait, n'est rien d'autre que du carbone pur cristallisé, trônant au sommet de l'échelle de Mohs. Imaginé à l'été 2016 sous la houlette de Raphaël Penasa, patron du studio transmédia lyonnais Fauns, le concept de Carbone tient de la pierre philosophale, puisqu'il permet enfin d'opérer la fusion entre toutes les formes de pop cultures, en croisant théorie, anecdotes et créations… sans hiérarchie ni primat d'un art sur l'autre.

Décliné sur le site www.carbone.ink depuis 2017, le concept voulait se doter d'un rendez-vous papier complémentaire. Mais pas sous forme d'une revue généraliste culturelle — « c'est compliqué aujourd'hui », concède Jérôme Dittmar, rédacteur en chef de Carbone —, plutôt d'un réceptacle éclectique de thématiques explorées par des chemins de traverses, « l'idée étant d'amener des lecteurs à s'intéresser à des sujets qui ne sont pas les leurs à travers des sujets qui les intéressent. Nous n'avons pas de limites dans les œuvres ni les auteurs ; ce qui nous importe, c'est qu'il y ait de la pertinence. » Et ce, sans se sentir pieds et poings liés à l'actualité. Au prisme de Carbone, tous les territoires s'explorent-ils aussi aisément ? « On aborde moins la musique, reconnaît Jérôme Dittmar.  » 

Un trésor de revue

Un bémol qui n'a certes pas entamé l'enthousiasme des internautes, sollicités pour le financement participatif du néo-trimestriel : 459 contributeurs convaincus par cette ligne éditoriale ont permis de réunir 345% de la somme demandée. De quoi valider la pertinence de l'idée, s'assurer un début de notoriété ainsi qu'un minimum de confort pour les trois premières livraisons. Tirée à 11 000 (luxueux) exemplaires par l'imprimerie iséroise Deux-Ponts, la première sort donc cet hiver, et s'intéresse à la question des Cartes aux trésors, voguant sans complexe de Copernic à J.J. Abrams en accostant chez Kirby ou Spielberg. Au générique — davantage qu'au sommaire — de ce volume figurent des pré-publications de planches de Pax Americana (Morrison/Quitely/Fairbairn),  une BD de Deveney & Grille-Liou d'après Murakami, des nouvelles de Laurent Queyssi, David Calvo ou Warren Ellis, une exégèse d'Amblin, une étude croisée de The Lost City of Z et d'Interstellar… entre autres pépites.

Carbone va poursuivre son aventure éditoriale multi-réseaux en sortant d'ici quelques mois son application, où l'on retrouvera les contenus gratuits de son site et payants de la revue. Puis ce seront des publications qui s'enchaîneront : des BD, mais aussi des essais explorant sous toutes leurs coutures des “mythologies contemporaines” (pour reprendre la terminologie barthésienne), au rythme de quatre par an. Est ainsi annoncé dès juin 2018 un ouvrage sur Jim Carrey et Le Mask ; Jurassic Park, Fringe et Legend of Zelda devraient le talonner. Quant au second numéro, prévu pour le printemps, il ouvrira le vaste chapitre des maisons hantées. Même pas peur.

Carbone #1 est disponible au prix de 20€ dans les librairies indépendantes et les “réseaux habituels” (FNAC, Cultura, Relay). Mais il est aussi possible de le commander sur le site www.carbone.ink


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