Figure libre : "Moi, Tonya"

De Craig Gillespie (É-U, 2h) avec Margot Robbie, Allison Janney, Sebastian Stan…


L'histoire se souvient de Tonya Harding comme de la première patineuse étasunienne à avoir fait un triple axel en compétition : classe. Mais aussi – plus que tout même – pour avoir été mêlée à un scandale quelques jours avant les Jeux olympiques de 1994 à Lillehammer : l'agression de sa rivale Nancy Kerrigan à coups de barre en métal, dont les images filmées après l'attaque (et les « Why ? Why ? Why ? » de Kerrigan) ont fait le tour du monde : moins classe.

Tonya Harding est une de ces figures controversées que les États-Unis adorent produire à la chaîne. Une figure à laquelle le cinéaste australien Craig Gillespie vient de consacrer un biopic passionnant, justement parce que ce n'est pas tant un biopic (même si les acteurs et actrices ressemblent parfaitement aux véritables protagonistes) qu'un film sur le rêve américain et, surtout, l'une de ses faces les plus sombres – les blancs pauvres, appelés "white trash", représentés ici de la pire des manières.

Du coup, l'agression comme le patinage ne sont presque que secondaires pour Craig Gillespie : il s'attache principalement à montrer une battante qui fait tout pour s'extirper de la place peu reluisante qu'on lui a assignée. Et dans ce rôle à Oscar, Margot Robbie, révélée en 2013 dans Le Loup de Wall Street, pourrait bien s'en sortir beaucoup mieux que Tonya Harding à Lillehammer – elle avait fini huitième. Réponse début mars lors de la cérémonie.


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