Les Bonnes Manières

de Juliana Rojas & Marco Dutra (Br-Fr, int. -12 ans, 2h15) avec Isabél Zuaa, Marjorie Estiano, Miguel Lobo…


Clara, infirmière des favelas de São Paulo, est recrutée par Ana, jeune bourgeoise célibataire pour l'accompagner durant la fin de sa grossesse. Le terme s'approchant, les deux femmes que tout oppose en font de même et Clara découvre qu'Ana est enceinte d'un loup-garou…

On aurait a priori toutes les raisons de souscrire à ce projet désirant embrasser d'une large gueule dentue des thématiques aussi diverses que l'inégalité sociale, l'esthétique gore et l'érotisme. Faisant fi des carcans, Les Bonnes Manières se plaît à entrechoquer les formes et les faire se succéder à bon escient dans sa première partie, celle de la gestation — phase tellement féminine qu'elle se révèle ici totalement dépourvue de présence masculine. Cette dernière est même représentée comme une menace, une autorité agressive ou rejetante ; bref une entité dispensable dont Clara et Ana parviennent aisément à s'abstraire en entamant leur idylle.

La seconde partie, plus réaliste et cependant plus métaphorique, se trouve plombée par un désir de fantastique certes exaucé par la démocratisation des SFX mais déséquilibré par une mauvaise maîtrise des codes — dans ce registre, le less is more est toujours préférable. S'ensuit une impression de contrefaçon bancale, dénaturant le sens et le propos politique : s'il y a des loups se repaissant des pauvres, ils sont issus des tripes de la classe dirigeante. L'hybride manque de vigueur, dommage.


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