Caravane de films aux couleurs d'Afrique

La Caravane des Cinémas d'Afrique du Ciné-Mourguet marque sa 15e étape à Sainte-Foy-lès-Lyon. Dans ses bagages, 40 films, 20 invités, 30 cinémas partenaires, un défilé de mode et un concert. Rencontre avec son président, François Rocher.


On pourrait l'appeler le “Festival de Cannes du cinéma africain”. Créé il y a un quart de siècle, à l'initiative d'amis passionnés, Caravane des cinémas d'Afrique a vocation à faire connaître sa plus récente production cinématographique et mettre en valeur un pan de cette culture « souvent trop méconnue en France ». La soixantaine joviale et les yeux pétillants, son président François Rocher tient à souligner qu'il ne s'agit pas « d'un festival avec des films sur l'Afrique, mais bien avec des œuvres réalisées par des cinéastes issus de ce continent. » Lorsque la première salle du Mourguet a été créé en mai 1988, il y eut cette volonté de rattacher le nouveau cinéma à un festival. Plutôt que d'en créer un plus classique, les fondateurs de Caravane font le choix de porter une thématique qui les rassemblait et inexistante jusqu'alors : le cinéma africain.  

Faute de programme complet, l'événement est transformé en biennale, histoire de pouvoir recevoir les réalisateurs dans les meilleures conditions possibles — une vingtaine seront présents cette année. Avec pas moins de 40 films de 17 pays, Caravane invite le spectateur au voyage et à la découverte d'univers très différents. « Je pense que le cinéma africain est une mine de créativité, et c'est par le biais de cette créativité qu'il commencera à se développer dans nos salles » espère François Rocher. Aujourd'hui, il semble connaître un véritable regain, auquel le Mourguet n'est sans doute pas étranger. Un succès plus important qu'avant qui s'illustre à travers un partenariat toujours plus large avec une trentaine de cinémas de la région Auvergne-Rhône-Alpes — jusqu'au cinéma Dyke du Puy-en-Velay qui hébergera 25 séances délocalisées. 

Un défilé de mode Cinéwax très attendu

Pour cette 15e édition, les organisateurs voient les choses en grand avec le défilé de mode du styliste ivoirien Éloi Sessou, qui habillera 30 mannequins en tissu wax (un tissu néerlandais très répandu en Afrique, bariolé en coton et recouvert de cire). Un défilé enrichi cette année avec un concert de jazz en présence de la chanteuse Célia Kameni, vêtue en cette circonstance par le jeune créateur de mode.

Une exposition intitulée L'Art et le Wax, un métissage africain sera également présentée, prolongée exceptionnellement jusqu'au 15 avril. Mais ces événements ont un prix — le festival doit débourser au total 20 000€. C'est pourquoi une collecte de fonds a été organisée à l'automne dernier. Les organisateurs ont trouvé le moyen de réunir des fonds pour pallier à la raréfaction des subventions, et de les faire défiscaliser à 66%. Comme à chaque édition, le samedi soir aura lieu la messe gospel africaine organisée à Saint-Luc. Amen ! 

Festival Caravane des cinémas d'Afrique
Au cinéma Le Mourguet à Sainte-Foy-lès-Lyon du 23 mars au 1er avril


La Programmation 

Repérés par l'équipe du Mourguet au FESPACO, le grand festival cinématographique de Ouagadougou au Burkina Faso, on guettera parmi les neuf films en compétition The Lucky Specials et le long-métrage burkinabé La forêt du Niolo. À l'affiche également, un panel d'œuvres venues d'Afrique du Nord (l'égyptien Ali, la chèvre et Ibrahim) jusqu'en Afrique du Sud (Les Initiés, un film sur le tabou de l'homosexualité) en passant par le Sénégal avec Wùlu, l'histoire d'un jeune apprenti-chauffeur qui plonge dans l'univers du trafic de drogue. À découvrir lors de la nuit consacrée au cinéma algérien, le long-métrage sélectionné pour “Un Certain Regard” à Cannes,  En attendant les Hirondelles. Une autre nuit est consacrée à la découverte du cinéma burkinabé au travers de trois films. Pour la première fois, un jury jeune sera mis en place pour sélectionner le meilleur court-métrage parmi les neuf en lice. 


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