Bouillon de culture

Loin des institutions, s'inventent des lieux de créations dans les murs de vieux entrepôts. Ainsi depuis sept ans au Plongeoir, dans le 8e arrondissement, des artistes travaillent et/ou vivent. Visite.


Avec Hugo, l'un des locataires, Witold nous accueille. Ce chat récupéré à la SPA, au nom en forme de clin d'œil au dramaturge polonais Gombrowicz, a le poil aussi camel que les murs de cette maison de deux niveaux. Juxtaposé à la MJC Laennec, cet ancien entrepôt de matériel médical est devenu aujourd'hui un lieu d'accueil d'artistes. En 2011, le comédien Alban Dussin, passé notamment par le Conservatoire de Théâtre de Lyon décide avec trois autres amis de s'installer ici, de casser les murs et de faire reconstruire, à l'aide d'un charpentier maritime (!), un espace d'habitations avec parois en bois et hall central arrondi.

Quelques chambres avec mezzanines et un salon/cuisine : voilà pour la vie des sept colocataires (comédien, scénographe, performer...) mais Le Plongeoir est aussi et surtout un lieu de travail. Toute l'année des compagnies sont accueillies de quelques jours à un mois (« mais mieux vaut une semaine minimum pour trouver ses marques » dit Hugo) et occupe, à raison d'une location de 10€ par jour, une salle de 80 m². Elle n'est pas équipée techniquement mais à chacun d'apporter des accessoires de théâtre, ses instruments de musique, voire son matériel d'art plastique ou de tournage (pour des courts-métrages par exemple). Pour les danseurs, un parquet de bois a été installé en lieu et place du béton originel. Tous les artistes sont les bienvenus. S'ils ne sont pas hébergés, ils peuvent cuisiner sur place à minima.

« Espace de libre représentation du monde »

L'organisation de ce planning passe par une association dont ils s'occupent ensemble et par la page Facebook du lieu, première porte d'entrée des résidents de passage. Un règlement intérieur est placardé sur les murs. Mais les cohabitations sont souvent génératrices de belles rencontres. Hugo le souligne « quand on cuisine, on entend le bruit de création qui se passe dans la salle d'à côté ». Chacun apprend des pratiques de l'autre. Cette porosité est probablement leur richesse première même s'ils s'accordent quelques phases de jachère afin de retrouver le calme parfois. Demander des subventions à la Ville ? Ils disent y avoir songé, mais leur liberté serait peut-être mise à mal, le principe d'autogestion est encore celui qui leur convient le mieux !

Le Plongeoir


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