Colin Harrison : « les histoires viennent avant tout des désirs »

Après huit ans d'absence, Colin Harrison revient sur le devant de la scène, à Lyon pour Quais du Polar. Dans "Manhattan Vertigo", les rues de New York n'ont pas fini de vous surprendre.


Pourquoi une aussi longue absence ?
Colin Harrison : En réalité, pour différentes raisons. C'est probablement parce que j'avais un nouveau job très encombrant : j'ai trois enfants… (sourire) Et puis, c'était un livre compliqué à écrire.
 
Combien de temps cela vous a pris pour l'écrire ?
En soi, quatre ans.
 
D'où vient cette histoire ?
L'histoire parle d'un mec, qui travaille à Manhattan et qui collectionne les cartes de New York.  Je collectionne moi-même les cartes — depuis plusieurs années d'ailleurs. Je suis devenu obsédé par les vieilles cartes ! Le livre s'ouvre sur la mise en vente de la plus vieille carte de New York, qu'il veut absolument récupérer. Il emmène avec lui une femme, qui vit à côté de chez lui et qui est mariée à un homme très puissant, ils vont ensemble regarder les cartes. Plus tard, lorsqu'il rentre chez lui, il découvre la porte de l'appartement de cette femme ouverte et l'aperçoit avec un autre homme… ce qui est loin d'être une bonne idée. Voilà : je suis parti de cela, et ensuite j'ai simplement écrit le livre.
 
Vous dites souvent que New York correspond parfaitement au genre du polar, par son atmosphère, ses bars, ses rues… Est-ce pour vous la parfaite ville du crime ?
Il y a une histoire dans chaque ville. Il y a beaucoup d'auteurs qui écrivent sur Los Angeles parce qu'ils connaissent la ville, ils la sentent… et c'est la ville qui donne une histoire. Pour d'autres ce sera Londres, Paris, Chicago… Pour moi, c'est New York. Il y a des histoires partout à New York : vous croisez des gens très intéressants. Vous les regardez et vous vous dîtes qu'ici, il y a de quoi en tirer une histoire. Quand les gens viennent à New York, c'est qu'ils en veulent : la gloire, la richesse, le sexe, l'amour, le pouvoir, l'argent… ou la liberté tout simplement. Tous viennent à New York avec des désirs. Et les histoires viennent avant tout des désirs.
 
Le sexe, le pouvoir, l'argent sont des thèmes récurrents dans tous vos livres. Pensez-vous que cela permette à vos lecteurs une meilleure identification ?
Évidemment, aucun de mes personnages n'est pur. Il y a, certes, des gentils, et des méchants, mais ils sont tous impurs. Et pour moi, tout le monde est impur aussi. Je pense que mes lecteurs reconnaissent, à travers mes personnages, leurs propres désirs, leurs propres souhaits, leurs propres passions…
 
Et vous ? Vous vous reconnaissez dans vos personnages, dans celui de Paul Reeves, le héros de Manhattan Vertigo par exemple ?
Oui, évidemment, et au fond je suis tous mes personnages.
 
Est-ce compliqué d'introduire dans un polar un conflit amoureux entre le mari, la femme et son amant, alors que certaines personnes s'attendent plus à du meurtre, ou du sang ?
C'est une bonne question ça… La réponse, c'est qu'il y a beaucoup de facettes dans une histoire comme ça. Le mari de la femme qui trompe peut très vite ressentir un sentiment de haine, de vengeance… et ce désir de vengeance devient la manifestation même de la violence. Dans Manhattan Vertigo, tout part aussi de là. Le mari a beaucoup d'argent et pense pouvoir contrôler sa femme, sauf qu'il a tort.

Un polar doit-il nécessairement contenir du sang et du meurtre ?
Oh que oui ! On a besoin de toutes ces choses. La peur, la mort, le suspense… On a besoin de tout.
 
Vous lisez souvent des polars ? Français ou américains ?
J'aime beaucoup l'auteur francophone Simenon, et sinon j'admire beaucoup les œuvres d'Alan Firth. C'est un excellent auteur. Mais je lis tous types de polars.
 
Pourrait-il avoir, comme pour votre ancien livre Manhattan Nocturne, une adaptation cinématographique ?
J'aimerai bien, oui. Si quelqu'un souhaite l'adapter, qu'il n'hésite pas.


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