Boy next door

Nouveau petit phénomène de l'indie pop norvégienne, Boy Pablo trimballe sa nonchalance et sa jeunesse dans le sillage de prestigieux aînés. Et révèle à sa tête un garçon comme les autres au talent pas comme les autres : Pablo Muñoz.


Les berges du Puddefjord, le fjord de Bergen, deuxième ville de Norvège : une bande d'adolescents joufflus et surexposés, menée par un jeune hispanique – sweat rose, short Hummel, coupe de douille et guitare bleu émeraude – un air extatique pour tout le monde – magnifique aparté en playback du guitariste solo – et une musique qui ne l'est pas moins, entre chill et slacker, Mac DeMarco surfant au ralenti et Pavement de chambre. Bref, la glande dans toute sa splendide créativité.

Voici posé le décor de la bedroom pop du jeune groupe norvégien Boy Pablo dans le clip d'Everytime, réalisation à base de moyens du bord (de mer) comptant déjà pas moins de 6 millions et demi de vue. Celui de Losing You, single sorti en mars, est en studio mais à l'avenant – sweat Fila, jean trop court et attitudes crétines – et compte déjà 600 000 vues en trois semaines. On y respire la même douceur de vivre de garçons-plagistes fringués comme dans Les Années collège dont l'insouciance de chaque mesure cache néanmoins de petits cœurs brisés par les filles. Une publicité vivante pour le courant normcore appliqué à la musique.

Boums post-modernes

Boy Pablo donc, c'est d'abord Pablo Muñoz, petite vingtaine, originaire du Chili, qui aime à arborer sur ses photos promos l'emblématique tunique de celui que l'on appelait "L'Hélicoptère" : le goleador chilien Ivan Zamorano, meilleur buteur du championnat espagnol en 1995 avec le Real Madrid.

Comme lui, Muñoz brille par sa capacité à s'élever haut dans les airs, à ceci près que c'est avec des mélodies caressantes et une voix de crooner poupin qu'il y parvient, que ce soit au gré de slows pour boums post-modernes (Everytime donc, Ur phone), de petites machines à danser dignes de hanter les jukebox (Dance, baby !, Yeah Fantasizing) ou de ballades paresseuses pour après-midi ankylosées (imreallytiredthisdaysucks, Ready/Problems, Beach House).

Tous les titres précités, auxquels il faut ajouter ce petit chef d'œuvre de mélancolie délicate au charme jangle qu'est Flowers, constituent l'intégralité de la discographie de ce petit génie rêveur – trois singles, un EP – et le voilà pourtant propulsé au rang de hype indie et même un peu plus – Pablo et ses amis ont joué devant le roi et la reine de Norvège, c'est dire... – et déjà au-delà des berges ensoleillées de Bergen.

Boy Pablo + Phylemon
Au Marché Gare le jeudi 19 avril


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