Faire œuvre de contradiction

L'URDLA présente le travail d'Anne-Valérie Gasc dans une exposition qui fait coexister des lithographies semblables à des empreintes et trois publications qui « rejouent la trilogie terroriste » d'Edward Rusha.


Vingt-six lithographies verticales de pierres déclassées se succèdent avec harmonie et font face à cinq pierres épaisses disposées horizontalement. Vingt-six empreintes de pierres « à imprimer comme à construire ». Le travail d'Anne-Valérie Gasc noue les contradictions de la construction et de la destruction architecturale. Enseignante et chercheuse en arts et sciences de l'art à l'École Supérieure d'Architecture de Marseille, la recherche et l'art forment le noyau dur de son œuvre, une approche qu'elle explique dans un entretien au Point Contemporain : « de par les problématiques que j'aborde, je constitue au fur et à mesure des corpus de références, d'objets, de visites, de rencontres. Un premier temps pendant lequel j'absorbe les données jusqu'à un moment de rupture qui précède une phase où j'entre dans une étape de restitution. » 

Son travail se retrouve donc teinté de références dans lesquelles le spectateur peut choisir ou non de se plonger. Ici, avec l'exposition A, elle achève une trilogie de publications calquées sur les trois premiers livres d'Edward Rusha, initiateur du livre d'artiste contemporain dans les années 60. Twenty-six Gasoline Stations inspire ainsi Twenty-six Blank Rocks, un « livre-bombe » qui répertorie les 26 lithographies présentées à l'URDLA. 

Anne-Valérie Gasc fait œuvre des oppositions. Au lieu d'utiliser le processus lithographique pour créer un dessin original, elle s'empare de la pierre pour immortaliser son empreinte. Elle transfère ainsi, à l'aide de cette encre à la texture analogue au pétrole, la massivité de la pierre (10 à 12 kilos chacune) sur un papier extrêmement fin, aérien disposé de façon à ce qu'il flotte dans le cadre. Ainsi, la pierre ne reproduit rien d'autre qu'elle-même dans toutes ses imperfections avec ses grains, ses éclats et son témoignage du temps. 

Anne-Valérie Gasc,  A
À l'URDLA jusqu'au 19 avril 


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