Folia en folie

Spectacle idéal pour ouvrir les Nuits de Fourvière sur le grand plateau, Folia combine le savoir-faire de Mourad Merzouki à la musique baroque des Concerts de l'Hostel-Dieu. Visite en coulisses.


« On dit que je fais des spectacles dits de divertissement. Mais ça ne me gêne pas, j'incarne ça et j'ai envie de le partager avec le public ». Mourad Merzouki est lucide. Nuits de Fourvière aussi, qui lui a confié l'ouverture du festival. Et c'est drôlement astucieux car Folia est le parfait spectacle populaire (hip-hop et musique baroque), de qualité (tous sur le plateau atteignent des sommets) sans trop être avant-gardiste non plus (la robe de la chanteuse émergeant d'une des boules du décor est so kitsch, mais visible du dernier rang de l'amphithéâtre). Bref, tout est à sa place.

À la tête, depuis 2009, du Pôle Pik à Bron (devenu Pôle en Scènes en fusionnant avec l'Espace Albert Camus) et du CNN de Créteil, initiateur du festival Karavel en 2007, prochainement à la Biennale de la Danse pour présenter sa nouvelle création, Merzouki est sur tous les fronts avec un aplomb impressionnant. À Fourvière, il avait déjà fait un digest de ses premières œuvres et celles de ses comparses pionniers du hip-hop (Répertoire #1 il y a quatre ans), le revoici avec une rencontre née lors de Seven steps, pièce 100% féminine (Karavel 2014) qui alliait déjà sa danse à celle des Concerts de l'Hostel-Dieu. Pour Folia (une musique populaire paysanne née à la fin du Moyen-Âge au Portugal), il a réuni seize danseurs derrière lesquels sept musiciens baroques livrent en live la partition, parfois chantée par la soprano Heather Newhouse.

La terre en pâture

Du mot Folia, Merzouki fait quelques parallèles avec la folie des hommes face à la nature avec des corps qui, en introduction, se déploient lentement entre des ballons aux couleurs de planètes et des sons imitant les océans.

Lors des premières répétitions sur scène, fin avril, les danseurs enchaînent les tableaux de quelques minutes avec une minutie épatante et une aptitude à varier les rythmes calmes à des séquences beaucoup plus sportives. Œuvrant souvent en collectif, ils conférent à cette création une énergie folle jusqu'aux convulsions lorsqu'ils semblent intoxiqués, métaphore supplémentaire d'un monde malade. Sauts périlleux lancés, danse à la verticale sur un tapis gonflable, chant dans un décor mouvant, Folia est aussi ludique que technique.

Folia
Aux Nuits de Fourvière (grand théâtre), les 1er, 2 et 4 juin


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