Je vais mieux

de Jean-Pierre Améris (Fr, 1h26) avec Eric Elmosnino, Alice Pol, Judith El Zein…


Au beau milieu d'un repas entre amis, Laurent est pris d'un violent mal de dos qui va persister et résister à la médecine traditionnelle, spécialisée et même alternative. Et si cette douleur était le signal d'un dysfonctionnement inconscient dans sa vie professionnelle ou privée ?

Il faut toujours prêter attention aux signaux inconscients. Observez l'affiche de Je vais mieux. Sa typo — une cousine de la EF Windsor-Elongated, pour nos amis et amies graphistes —, ne rappelle-t-elle furieusement pas celle, si caractéristique, de Woody Allen ? La silhouette de l'échalas coiffé à la diable, n'évoque-t-elle pas le Juif new-yorkais névrosé le plus célèbre du monde ? Traduction : attendez-vous à une comédie psychanalytique à forte composante autobiographique. Car bien qu'il s'agisse d'une adaptation de Foenkinos, Améris se retrouve tout entier dans cette histoire où la douleur d'un corps longtemps ignoré fusionne avec celles de l'âme. Héros effacé se mettant à somatiser, Laurent serait-il une forme de prolongement de ses charmants inadaptés des Émotifs anonymes, ces timides qui selon la formule de Brel, « portent une valise dans chaque main » ?

Un sérieux Premier ministre ayant « fendu l'armure » avait jadis confié être un « austère qui se [marrait] ». Cela pourrait s'appliquer à Améris qui, s'il sait faire partager l'embarras des introvertis, l'inquiétude diffuse de l'attente d'un diagnostic ou les petites humiliations subies par les gentils, se révèle avec le temps de plus en plus habile dans la comédie pétillante, le burlesque et le sentimental. Il règle ici un chassé-croisé destructeur entre deux époux à la façon de Capra (revu par De Vito), profite des ressorts comiques d'une Alice Pol quelque part entre Pierre Richard et Ben Stiller, et fait de François Berléand un patron gasmannissant teinté de Sordi et de Tognazzi. Hélas pour lui, être patraque lui réussit plutôt bien.


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