Le graffiti lyonnais prend de la hauteur

Ce samedi sera marqué par l'inauguration de ZOO, projet pilote d'un événement graffiti ambitieux qui abrite sous ses 600m2, 40 artistes et une scénographie imprégnée des codes de la rue.


En deux mois, le 61 de la rue de Créqui a muté. Hier centre de formation de la Croix-Rouge, aujourd'hui lieu de convergence de nombreux ambassadeurs du graffiti français tels que Brusk ou Resoner, l'immeuble entier a été réhabilité pour accueillir l'exposition ZOO ainsi que public, professionnels et entreprises en ses trois étages. Derrière ce projet colossal, deux amis de longue date, Antoine Roblot et Philippe Reichsrath qui constatent depuis dix ans l'absence d'un événement ou festival ambitieux diffusant le graffiti et la culture urbaine auprès du grand public à Lyon.

Sensibiliser le grand public

Proches des artistes qu'ils connaissent bien, et sensibles à leurs intérêts, les organisateurs ont imaginé l'exposition non pas à même les murs comme on a pu beaucoup le voir du côté de la Taverne Gutenberg ou chez Superposition, empêchant tout processus de vente, mais sur de grandes plaques amovibles sur lesquelles les graffeurs sont venus apposer des toiles aux identités reconnaissables. Les amateurs n'auront pas de mal à deviner qui se cache derrière le spray. ZOO se veut détaché de tout élitisme (les artistes ont des styles abordables), et ambitionne de sensibiliser un public connaissant peu le milieu du graffiti en instiguant un autre regard sur ce dernier qui s'éloigne de plus en plus de l'illégalité et joue le jeu exigeant du marché de l'art. 

La jeune scène en vue

L'exposition s'amuse des ambivalences que le lieu impose. De l'appartement bourgeois à la décoration revisitée par les graffeurs, à la scénographie rappelant des éléments architecturaux de la rue, l'exposition avec sa référence animalière est instinctive et plurielle. Ses seuls points faibles seraient son manque de transdisciplinarité, on regrette la faible présence de la photographie - malgré un collage prometteur de Guillaume Ducreux -, du skate ou du hip-hop et l'omniprésence d'un graffiti figuratif, alors que de plus en plus d'artistes que l'on peut découvrir notamment du côté de la galerie Slika s'emparent d'un style davantage abstrait et aux compositions minimalistes. Cela n'empêche pas l'exposition de prendre de la hauteur et l'on salue l'exigence des organisateurs pour proposer un événement gratuit, complexe à financer et qualitatif, réunissant artistes confirmés et jeunes pousses comme Wenc, Agrume et Spinx

ZOO sera le lieu de plusieurs événements et performances qui viendront ponctuer l'exposition pendant deux mois comme une grande vente de plantes, des sessions de tatouage avec les artistes du salon Baraka, ou encore un live painting de l'artiste californien Dytch66. Conscients de certains manquements, les organisateurs promettent déjà un événement venant les corriger. Exit les 600m2 de la rue de Créqui, la prochaine jungle urbaine se déploiera sur 4000m2, ce qui permettra d'accueillir des artistes venant d'univers plus expérimentaux ainsi que tous les acteurs de la culture street. 

Zoo avec Brusk, Resoner, Rimp, Wenc, Agrume, Birdy Kids...
Au 61 rue de Créqui jusqu'au 29 juillet


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