Yorke, cher

Concert événement au Transbordeur de Thom Yorke, passé maître dans l'art de se faire rare et de créer l'envie au goutte-à-goutte. 


Tel l'Arum Titan, énigmatique fleur géante qui n'éclot que tous les deux à dix ans, tout se passe comme si la moindre manifestation artistique de Thom Yorke était sujette à auscultation. Comme la fleur précitée qui à chaque apparition dévoile une odeur (de viande avariée, mais ce n'est ici pas le sujet) qui peut "embaumer" dans un rayon d'un kilomètre, chaque fois que le chanteur de Radiohead annonce un concert, dévoile une nouvelle chanson en loucedé, la nouvelle se répand comme une traînée de poudre (ou mieux, une odeur), vidéo mal branlée de fan appareillé à l'appui.

Ce fut le cas il y a quelques jours lorsque sur la scène du Théâtre Verdi à Florence fleurirent un titre inédit, The Axe, et pour la première fois en live, Spectre, écrit avec Radiohead pour l'épisode de James Bond du même nom, et offert aux fans sur le Net en fin d'année dernière.

Chaque fois la même hystérie collective des fans et des journaux spécialisés (qui précisent que Yorke, ce foufou, avait déjà joué un nouveau morceau sur scène... l'an dernier), comme si chaque nouvelle pépite délivrée par le maître était la promesse d'une épiphanie à venir, ou même une épiphanie en soi.

Dans sa relation ambiguë avec la société médiatico-marketing, le chanteur continue de peaufiner l'art de distiller l'envie à coup de mystère, de tweets semi-codés en titres délivrés au compte-goutte ça et là. La rareté et le mystère, voilà ce qui est précieux.

Les détenteurs d'une place pour son concert du 13 juin au Transbordeur, sa seule exhibition provinciale – c'est dire si les places étaient chères, comme on dit – avec son producteur Nigel Godrich et l'artiste visuel Tarik Barri (triple rareté), l'ont compris. Qui sait si une nouvelle floraison ne va pas se produire en direct sur scène. Dans ce cas, il vaudra mieux pouvoir dire : « j'y étais ».

Thom Yorke
Au Transbordeur le mercredi 13 juin (complet)


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