Focus Fourvière


 

Jack White

S'il faut dire la vérité aux gens qu'on aime, n'y allons pas par quatre chemins : le dernier album de Jack White, Boarding House Reach, n'était ni fait ni à faire. Car s'il ne manquait pas d'ambition, à ce collage d'inspirations et d'effets plutôt mal branlé et en rupture avec le style direct du gars White, il manquait l'essentiel : des chansons, étouffées sous un concept trop envahissant. Rien ici qui ne fasse taper du pied ou ne perfore durablement et positivement le cerveau à coups de riffs rutilants. Mais Jack White reste Jack White et son CV parle pour lui : White Stripes, Raconteurs, Dead Weathers, son admirable label, Third Man Records, et deux premiers albums déflagrants, eux. Surtout, surtout, une capacité hors du commun à transformer le plomb fondu de son country-rock-blues-punk en or live. Et à dégainer les tubes qu'il a en magasin plutôt que des créatures de laboratoire.

Au Théâtre Antique de Fourvière le dimanche 8 juillet



Benjamin Biolay

Entre Hubert Mounier et Benjamin Biolay, ce fut une longue histoire. Le premier fut le mentor du second dont il était l'idole et qui produisit son magnifique Grand Huit et collabora à son dernier disque, La Maison de Pains d'Epices. Dans la BD qui accompagnait le disque (car Mounier était aussi dessinateur), il évoquait pas mal cette drôle d'amitié ; dans les interviews qui s'ensuivirent aussi. Lorsque Mounier décéda en 2016 à l'âge de 53 ans, Biolay lui rendit un vibrant hommage en reprenant quatre de ses chansons. Deux ans plus tard, Biolay revient cette fois à Fourvière avec un spectacle complet tout entier dédié à l'œuvre de cette incontournable figure de la scène lyonnaise, qui le verra reprendre, Mobilis in Mobile, l'album culte de L'Affaire Louis Trio. Un disque qui démontra que derrière l'univers BD et le personnage de Cleet Boris développé par Mounier se tenait un groupe inspiré et un compositeur figurant une sorte d'Andy Partridge (XTC) à la française, fantaisiste pop à la rigueur polie.

Au Théâtre Antique de Fourvière le jeudi 19 juillet


Nuit rébétiko avec Tony Gatlif

Le rébétiko, c'est ce blues des mauvais garçons grecs, ce chant de l'exil et de la pauvreté, qui prend aux tripes et se jouait dans les salles de café enfumées d'Athènes où l'on sirotait l'ouzo, cet apéritif anisé, tout en chantant le haschich dont l'odeur s'échappait des narguilés... au point de provoquer l'ire des autorités, durant la dictature des années 30. Longtemps méconnu dans nos contrées, le rébétiko a petit à petit gagné le cœur des amateurs de musiques suintant l'authenticité autant qu'un Charley Patton de l'autre côté de l'Atlantique. Pas étonnant que Robert Crumb collectionne les 78t et de l'un, et de l'autre... À Fourvière, pas avare de mises en lumière de genres souvent oubliés par les grands festivals, l'on surfe sur le film Djam de Tony Gatlif, sorti l'an dernier, porté par Daphné ­Patakia, chanteuse et actrice embarquée dans un road movie de Lesbos à Istanbul. Elle sera là pour le concert avant la projection, au sein du groupe Aman Doktor, menant un show où musiciens turcs et grecs revisiteront les parts orientales et occidentales de ce style profondément méditerranéen se façonnant entre ces deux mondes : le rébétiko.

Nuit Tony Gatlif
Au Théâtre Antique de Fourvière le vendredi 22 juin


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Jacques Truphémus, Jérémy Liron et la mélancolie