Quand Dick Annegarn arrive en ville(s)

Avec les musiciens du Conservatoire à rayonnement régional, Dick Annegarn va faire place aux villes qu'il a chantées, de Bruxelles où il a passé sa jeunesse à Nogent-sur-Marne. Rencontre avec celui qui a fini par adopter la France au point d'y habiter.


Comment transposer sur scène le disque (qui sortira à la fin de l'été) que vous avez enregistré avec l'Orchestre Symphonique de Sofia cet hiver ?
Dick Annegarn : Ces 900 partitions finalisent un travail de plusieurs mois d'écriture par Christophe Cravero qui a dirigé l'orchestre à Sofia et que sa sœur dirigera à Lyon. Cette création scénographique vient compléter cela. Le principal spectacle va être Lyon, et son panorama qu'on met en scène. Il y a désormais une articulation au plateau qui sera ensuite donné dans toute la France avec chaque fois des jeunes orchestres différents. C'est moins cher (rires) et les musiciens jouent mieux que les autres, ils cachetonnent moins aussi, ils sont moins lourds, moins tragiques, c'est quand même une partition assez moderne. Y'a plus de Stravinsky que de Mozart.

L'album s'intitule 12 villes 12 chansons. D'où vient cet attrait récurrent pour ces cités ?
Je voyage, j'écris. La Saône est un trait de plume. Les villes, on peut les regarder de haut et les regarder du caniveau. Une ville est une émotion que je vis tout le temps. J'aime me balader le matin sur les marchés - moins la nuit, je vis le jour. La dernière chanson que j'ai écrite s'appelle Tranquille, c'était à Essaouira. Je l'ai écrite pendant les attentats. J'essaye par ce voyage de douze villes de briser les clichés. Lille est un caca de colombe, « colombophile à Lille » ce n'est pas un Lille somptueux, c'est un Lille un peu kaput.

Effectivement, vos chansons sont rarement une ode aux villes. Vous vous ennuyez à Coutances le dimanche.
Ah, je ne suis pas un office de tourisme ! Je n'en ai rien à faire de la beauté des villes. Mais ça m'est arrivé deux-trois fois dans ma vie de pleurer sur la décharge qu'opère une ville comme au Laos : il faisait très chaud, il y avait un aveugle, les gens n'étaient pas tristes, tout le monde souriait mais la ville souffrait énormément. J'ai eu une décharge émotionnelle très forte comme justement à Essaouira. Je suis quasiment plus émotionné face à une ville que par des personnes. Il y a un vertige. Je suis très sensible (rires) !

Dick Annegarn
À l'Odéon dans le cadre des Nuits de Fourvière le samedi 30 juin


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