L'Aubrac, terre nourricière

Promulgué 53e Parc naturel régional de France par décret du Premier ministre le 23 mai, l'Aubrac s'ouvre aux touristes raisonnés curieux d'une nature alliant les plateaux montagneux à la merveilleuse vallée du Lot. Découverte.


À peine ses quinze années de combat collectif achevées que le président du syndicat mixte d'aménagement et de gestion du PNR de l'Aubrac est attendu en Pays Basque pour conseiller de futurs candidats : « je vais leur dire qu'il faut de la patience et de la détermination » dit en riant André Valadier ! Car, avant que l'État n'entérine ce label, il a fallu de longues discussions avec non seulement les élus mais aussi les commerçants, les habitants. Ce maillage très serré a fortement contribué à ce classement, quand bien même ce site naturel est à cheval sur trois départements (Cantal, Aveyron, Lozère) et deux régions (Auvergne-Rhône-Alpes et Occitanie) qui au départ étaient trois (Languedoc-Roussillon, Midi Pyrénées et Auvergne) !

L'un des déclics qui mène à cette candidature est le refus d'installer des éoliennes. « Un professionnel du tourisme nous a informé que rien ne ressemblait plus à un paysage éolien qu'un paysage éolien » dit-il. L'Aubrac fait tout de même son devoir de citoyen face aux énergies renouvelables, augmentant de 15% la production des Kw dans la dizaine de barrages disposés sur la Truyère (qui ceinturent l'ouest du site) et avec la création de sites de méthanisation (processus naturel biologique de dégradation de la matière organique en anaérobie). Bonne idée car loin de chercher à développer un tourisme de masse, l'Aubrac souhaite répondre à une demande croissante d'un tourisme naturel. 

«Si, selon notre constat, agriculture et environnement sont compatibles, alors tourisme et agriculture sont complémentaires » confie André Valadier en citant la fête de la Transhumance qui réunit 10 à 15 000 personnes chaque fin mai et la fréquentation très exponentielle – surtout par les Canadiens – du Chemin de Saint-Jaques-de-Compostelle qui serpente à travers l'Aubrac (1000 pèlerins au début de l'an 2000, 15 000 désormais). Mais le produit d'appel, si l'on ose écrire cette formule marketing, est certainement la viande d'Aubrac et le fromage (ainsi que les couteaux) de Laguiole. 56 000 vaches en 1979 ; 216 000 paissent désormais librement sans clôture. Ce chiffre témoigne à lui seul de ce qu'explique André Valadier :

« la sauvegarde n'est pas obtenue par des initiatives régentées (interdiction d'utilisation d'engrais...) mais par des effets induits. En choisissant de remettre en vigueur une race extensive, on a reconstitué une prairie naturelle et mis fin à l'ensilage. »

Un projet rural

L'Aubrac, qui connaît une forte chute de sa démographie (densité de 16 habitants au km²) pourrait ainsi regagner un peu de visibilité et d'attractivité. Du Signal de Mailhebiau (1469 mètres), à la vallée du Lot et les splendides villages d'Espalion, Estaing, Entraygues, Saint-Geniez-d'Olt dont certains ponts sont classés à l'Unesco, en passant par la commune thermale de Chaudes-Aigues (et sa trentaine de sources entre 45 et 82°), ce territoire est un havre de tranquillité délicieux pour qui s'y aventure.

De surcroît, son climat très continental permet de se baigner en rivière l'été ou de skier (alpin ou nordique) en hiver. Mais face au réchauffement climatique et la difficulté rencontrée par les stations autour de Nasbinals, il est envisagé d'articuler randonnée et thermalisme dans un projet dit des "quatre saisons". Pour que vive toute l'année cet espace de plus en plus déserté par les services publics, qui vote fortement à droite, les autochtones ont choisi comme logo de leur PNR une vache dont le clin d'œil s'adresse à tous ceux qui auront le désir de venir de déconnecter (ou se reconnecter) à ces terres étonnantes et authentiques et aux noms de villages aussi biscornus qu'engageants.

 


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