Cachées : "Le Dossier Mona Lina"

de Eran Riklis (Isr-All, 1h33) avec Golshifteh Farahani, Neta Riskin, Lior Ashkenazi…


Remise d'une mission éprouvante, une agent du Mossad est affectée à une opération en théorie tranquille : veiller le temps de sa convalescence sur une transfuge du Hezbollah libanais, Mona, dans une planque sécurisée en Allemagne. Mais les anciens alliés de Mona sont sur ses traces…

Qui manipule qui, qui est l'appât, qui est la proie ? À la base complexe — et plongée dans un vortex diplomatique depuis les décisions intempestives de Donald Trump — la situation géopolitique au Levant constitue un terreau favorable pour un bon thriller d'espionnage en prise avec le réel. Rompu aux questions de frontières (voir notamment La Fiancée syrienne), le réalisateur israélien n'hésite pas ici à critiquer le cynisme officines d'État — y compris le sien — manœuvrant en dépit de la morale et en fonction des intérêts du moment, quitte à sacrifier autant de pions (c'est-à-dire de vies) que nécessaire.

Après un démarrage tonitruant porté par une musique et une distribution dignes des grandes productions internationales, le film s'engage dans un face à face prometteur puisqu'il oppose une renégate et une espionne devant cohabiter par obligation, tentée l'une et l'autre par l'amitié mais ne pouvant prendre le risque de baisser la garde. Ce formidable enjeu de suspense se disloque hélas à chaque sortie du huis clos, la promiscuité constituant un accélérateur de situation autant qu'un révélateur. Quant au dénouement, “à l'étranger“, il apparaît un peu rapide et surtout frustrant. Dommage.


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