Re-Gilberto


En 1972, Gilberto Gil revient de son exil forcé en Grande-Bretagne et les temps ont changé au Brésil. Le tropicalisme n'ayant plus l'heur de choquer, Gil, après le très beau Expresso 2222 lance sa fameuse trilogie en "Re" : Refazenda (1975), Refavela (1977) et Realce (1979).

En plein milieu de cette période, lors d'un voyage au Nigéria, où il est invité au Festival Mondial d'Art et de Culture Noire, Gil rencontre le roi de l'afrobeat Fela Kuti tout en faisant la découverte du balafon, ce xylophone africain pilier de la musique mandingue, dont il fait rapidement l'un des ingrédients de quelques compositions de Refavela.

En résulte une réussite absolue en ce qu'elle mêle subtilement influences afro et nonchalance urbaine au croisement du funk et de la samba, le tout subtilement arrosé de ces arrangements pop et de ce sens du chaos organisé digne du tropicalisme (qui, plus de dix ans plus tard, n'est donc pas tout à fait mort) dont Gil a le secret.

Alors certes, bien qu'indispensable, ce n'est peut-être pas le plus iconique de ses albums – moins en tout cas, au hasard, que son éponyme Gilberto Gil de 1968 ou Expresso 2222, mais cela valait la peine que le Bahianais, 75 ans, s'affiche avec une belle jeunesse (Mayra Andrade, Chiara Civello, Mestrinho, Bem Gil), sur une scène qu'il connaît par cœur, pour une étape de la tournée Refavela 40, célébrant le quarantième anniversaire d'un album ô combien important dans l'histoire éternelle d'un brassage musical brésilien qui comme les concerts des pionniers du tropicalisme n'est toujours qu'un éternel retour aux sources.

Gilberto Gil – Refavela 40 + Hermeto Pascoal & Grupo
Au Théâtre Antique de Vienne le dimanche 8 juillet


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La tropical family de Caetano Veloso et ses fils