Un seul être vous manque...

Des spectacles par centaines au programme. Lyon et son agglo regorgent de propositions théâtrales mais il manque toujours des noms majeurs du théâtre contemporain.


Bien sûr, nous ne nous ennuierons pas cette saison en matière de théâtre à Lyon et dans les alentours, tant il y a un foisonnement d'offres et pourtant, lorsqu'à la fin du printemps, nous prenions connaissance de ce qui ferait nos soirées prochaines, s'imposaient d'abord les absents. Cruel constat qui n'est pas neuf sous nos cieux gaulois.

L'ex-enfant terrible du théâtre français – qui désormais gesticule beaucoup, soit -  Vincent Macaigne ? Jamais venu. Christiane Jatahy, metteuse en scène brésilienne qui a fait les beaux jours de la Comédie-Française avec sa version très populaire, limite démago de La Règle du jeu de Renoir et qui a signé une version des Trois sœurs tcheckhoviennes renversante et renversée par des écrans vidéo qu'elle manie parfaitement ? Pas là.

Et surtout, Milo Rau, l'artiste européen majeur actuellement, de surcroît francophone ? Aucune trace. Les Lyonnais n'ont eu la chance de connaître son travail que via Hate radio programmé à Sens interdits en 2015 (le festival, off cette année, fait tout de même revenir la très agitante polonaise Martha Gornicka avec Hymn to love, aux Célestins le 13 novembre). Pour voir son Five easy pieces (où des enfants rejouent l'affaire Dutroux), il faudra aller à Saint-Étienne...

Alors oui, il y a parallèlement eu ici, depuis une quinzaine d'années, de nombreuses pièces (pas toutes évidemment tant ces metteurs sont prolixes) d'Ostermeier, quelques Simon McBurney ou Ivo Van Hove. Mais certains manquent cruellement. Cependant, comme bien souvent, la pièce phare du Palais des Papes avignonnais passe par là : Thyeste de Thomas Jolly, mois creuse que son Richard III mais bardée de spotlights inutiles pour reveler la noirceur infinie du texte de Sénèque.

Vincent Dedienne et Wajdi Mouawad de retour

D'autres metteurs en scène internationaux viendront fouler les planches : l'Italienne Emma Dante (et son spectacle nu, Bestie di scena, aux Célestins du 15 au 17 novembre), la Russe radicale Tatiana Frolova au sommet de son art et de son analyse sur ce qu'il reste de  l'URSS (Je n'ai pas encore commencé à vivre, aux Célestins, du 27 novembre au 12 décembre), des Roumains (dans le cadre de l'année France-Roumanie)...

De grosses créations qui marqueront (au moins médiatiquement) l'année seront aussi de la partie comme le Ervart dans lequel Laurent Fréchuret distribue un Vincent Dedienne qui n'en finit pas de revenir aux planches (Théâtre de la Croix-Rousse, du 9 au 13 octobre) ou le dernier opus de Wajdi Mouawad (Inflammation du verbe vivre, au TNP du 11 au 22 juin) ; Seuls sera repris à Pôle en scène (les 24 et 25 janvier).

À sec de nouveautés depuis son passionnant Ça ira de 2015, Joël Pommerat revient lui avec La Réunification des deux Corées, certes tranchant et poignant spectacle sur ce qui nous lie et nous délie mais quel étrange chose que de le voir programmer six ans après sa création dans un lieu si important que le TNP (du 10 janvier au 1er février) ! Et à la Comédie Odéon, c'est le double moliérisé Porteur d'Histoire qui s'installe pour quatre mois avec une distribution lyonnaise (du 29 septembre au 30 janvier) ! Sans star mais avec une fidélité permanente, le TNG poursuit sa route avec Catherine Hargreaves et Michel Schweizer, avec une approche expérimentale du théâtre dans ce CDN double (Ateliers et Vaise) qui s'affirme haut et fort comme un lieu de création avec quasiment la moitié de la programmation en co-production.

On guette le collectif Os'o et Maud Lefebvre

En marge de ces mastodontes du centre-ville, les théâtres alentours font très bonne figure dans leur acrobatique nécessité d'être pluridisciplinaires. C'est ainsi que le somptueux et bouleversant spectacle d'Aurélie La Sala, Départ flip sera à Villefontaine (23 novembre) et à Villefranche (4 mai). Ce théâtre-là avec une saison signée pour la première fois par sa nouvelle directrice Amélie Casasole fait la part belle aux jeunes artistes (voir page 6) tout comme La Renaissance qui accueille Maud Lefebvre (Maja, du 14 au 16 mars), metteuse en scène de Cannibale que nous avons ardemment défendue ici et le collectif Os'o qui avait fait sensation avec Timon/Titus et propose un spectacle plus ancien, L'Assommoir (20 au 22 mars).

À Vénissieux, il sera possible de voir la trop rare et délicate compagnie Pôle Nord avec Sandrine, premier volet d'un diptyque présenté aux Célestins il y a fort longtemps. Les indispensables Tg STAN seront eux à La Mouche (Saint-Genis Laval) pour leur version très directe de La Cerisaie (les 12 et 13 janvier) ainsi qu'Olivier Maurin, une valeur très sûre. Il y crée Ovni de Viripaev dont il avait déjà monté Illusions (repris au TNP en ouverture de saison).

Concernant les découvertes, filez aux Clochards Célestes et à l'Élysée sans modération. Et bien entendu aux Subsistances qui toujours accompagnent des artistes intrigants qui nous amusent (On traversera le pont une fois rendu à la rivière par, entre autres, Antoine Defoort de Germinal, du 27 au 29 septembre), nous irritent (le Zerep qui vient avec sa création parodique Purge, baby, purge,  du 18 au 20 octobre) ou nous séduisent (Alexander Vantournhout, du 18 au 24 mars).


<< article précédent
Léonard de Vinci, l'ingénieur