La fièvre chorégraphique lyonnaise

Festival international reconnu, la Biennale de la Danse s'inscrit aussi dans un dispositif lyonnais voué à la danse contemporaine en pleine ébullition. Retour sur ce contexte stimulant, et sur les grands axes de l'édition 2018.


Derrière la (trop ?) haute toque de la gastronomie, Lyon serait-elle en passe de devenir l'une des capitales internationales de la danse, voire La capitale de la danse ? Qu'importe les emblèmes et les titres de gloire direz-vous, mais force est de constater, à chaque Biennale notamment, l'engouement particulier des Lyonnais pour la danse : qu'elle soit populaire avec le défilé qui reprendra cette année son circuit sur la Presqu'île, ou un peu plus "cultivée" dans les salles de spectacle.

Bientôt, en 2021, un élément majeur viendra s'ajouter à l'édifice chorégraphique local : les Ateliers de la Danse, dans l'ancien Musée Guimet, qui accueillera des artistes en création sur des temps longs de résidence. C'est donc une véritable (et joyeuse) hydre à plusieurs têtes que dirigera alors Dominique Hervieu : la Maison de la Danse, les Ateliers, la Biennale, le Défilé... sans compter encore la Triennale de Yokohama au Japon (dont elle est directrice artistique, appliquant là-bas le modèle lyonnais) et l'exportation de la Biennale à Saint-Étienne et à Clermont-Ferrand cette année.

Ou encore, petite biennale dans la Biennale : le Focus européen conçu par Dominique Hervieu, Pascale Henrot et Yuval Pick qui réunit une dizaines de jeunes chorégraphes ! Guy Darmet avait labouré longuement le terrain, Dominique Hervieu appuie sur l'accélérateur.

Le multi-partis pris

Artistiquement, la Biennale 2018 ressemble... aux autres biennales, avec cet art lyonnais de mixer les spectacles artistiquement risqués (Oona Doherty, Thomas Hauert, Yuval Pick avec l'une de ses plus belles pièces...) et des spectacles plus faciles ou du moins auréolés de signatures connues d'un plus large public (Mourad Merzouki, Angelin Preljocaj, Saburo Teshigawara...). Le parti pris de Dominique Hervieu demeure le même que celui de son prédécesseur : l'éclectisme esthétique, le choix de toutes les formes de danse. Un non-choix selon d'autres, jaloux peut-être du succès peu contestable de l'événement.

Les particularités de l'édition 2018 seront une couverture géographique restreinte cette année à l'Europe, une grande présence de l'image en général, et des images issues des nouvelles technologies en particulier. Il y aura l'image filmique avec des projections de films de danse dans des salles de cinéma, l'utilisation pionnière de logiciels et de danseurs "projetés" par Merce Cunningham, les étranges photographies de Josef Nadj au Musée des Beaux-Arts, les vidéos de Jérôme Bel dispatchées dans l'espace public de la ville, et, surtout, l'exploration des potentialités chorégraphiques de la Réalité Virtuelle par Gilles Jobin et Yoann Bourgeois.

18e Biennale de la Danse
À Lyon du 11 au 30 septembre


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