"L'Amour est une fête" : et le film, une défaite

de Cédric Anger (Fr, 1h59) avec Guillaume Canet, Gilles Lellouche, Camille Razat…


Vous qui entrez dans la salle, abandonnez tout espoir de tomber sur un équivalent de Boogie Night à la française. Narrant l'infiltration de deux flics dans l'univers des peep-shows et du X des années 1980 parisiens, ce pensum n'en a ni le rythme, ni la folie. Présente-t-il quelque gravité dramatique, des attraits comiques insoupçonnés ? Pas davantage. Diable… Oserait-il, alors, s'appuyer sur ce décor ou ce contexte favorable pour créer un authentique film érotique doté d'une intrigue ? Pas plus que Yann Gonzalez avec sa (dé)pantalonnade Un couteau dans le cœur : on se trouve en présence de cinéastes qui vendent hypocritement l'idée du soufre, en craignant d'en prononcer le nom, et passent leur film à moquer leurs aînés du cinéma bis ou Z, tout en les pillant et les contrefaisant (mal) à coup de néons roses et de cheveux peroxydés. Ne parlons pas hommage, puisqu'il s'agit de dérision. Il n'y a là ni amour, ni fête ; d'ailleurs, ce n'est ni fait, ni à faire…

Seule lumière au tableau : la B.O. de Grégoire Hetzel, et la mélancolie mélodique de ses partitions pour instruments à vent, qui parviennent à se frayer une place entre les inévitables louches de soupe d'époque servies à profusion. Pourquoi s'imposer ce jukebox conformiste quand on dispose d'un compositeur d'une telle envergure ?


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