La Métropole investit dans la culture

Elle en aura mis du temps à se trouver une voie en matière de culture, la Métropole. Mais près de trois ans après sa création, elle choisit d'aider financièrement les festivals Sens interdits, Karavel et la biennale Hors normes. Un geste politique loin d'être anodin.


David Kimelfeld ressent le souffle des vents contraires : du retour annoncé précipitamment de Gérard Collomb à une séance du Conseil ce 17 septembre où il fut interpellé par l'élue Nathalie Perrin-Gilbert quant à l'insuffisance réelle d'hébergement des mineurs isolés alors que la Métropole en a la responsabilité...

Mais sur un autre volet, la culture, il avance quelques pions plus importants qu'il n'y paraît. Lors de ce même conseil de mi-septembre, la Métropole a voté une subvention à trois festivals : Sens Interdits, Karavel, la Biennale Hors Normes.

Pourquoi ceux-ci ? Selon Myriam Picot, vice-présidente chargée de la culture, il fallait que ce soit « des événements déjà connus, qui ont un retentissement avec des acteurs nationaux voire internationaux, qui se produisent dans plusieurs communes de la métropole et surtout qu'ils soient différenciants (sic) au niveau des esthétiques et des pratiques. » Le GRAME, qui organise la Biennale Musique en Scène, devrait être concerné par cette aide dans un an, à quelque mois de sa prochaine édition.

20 000€ par an pour Sens Interdits

Le festival Karavel hérite de 15 000€ via l'association Pôle en Scène qui l'organise, la Biennale Hors Normes dédiée à l'art brut reçoit 10 000€ et le festival Sens Interdits, qui depuis dix ans amène le théâtre international (et politique !) sur le territoire recevra 20 000€. Ce sont de petites sommes au regard du budget global du festival de hip-hop mené par Mourad Merzouki (+ de 300 000€) et plus encore de celui qu'a inventé Patrick Penot (872 000€) mais ce soutien est fondamental : « Myriam Picot a été déterminante, dit-il, elle s'est engagée depuis deux ans à nous soutenir, dans un premier temps sans pouvoir donner de subventions mais avec d'autres crédits ». Désormais, voici 20 000€ par an.

« Ce n'est rien par rapport à des budgets de grands festivals, reconnaît-il sans ambages. Mais ç'a permis à la DRAC d'augmenter de 50% son aide, passant de 10 000 à 15 000€. Là encore, ce n'est rien, mais ç'a conduit à ce que le maire de Lyon Georges Képénékian, qui jusque-là nous disait qu'il ne pouvait pas nous subventionner, nous donne 15 000€ tous les deux ans. Et quand on va voir la Région, nos interlocuteurs remontent à l'étiage de l'époque Queyranne ; nous aurons désormais à nouveau 50 000€ par an dès 2019 (NdlR : alors que la somme était tombé à 30 000€ annuels depuis l'arrivée de Laurent Wauquiez). Du côté de Karavel, les autres partenaires étaient déjà là mais, reconnaît-il aisément, ce financement apporte une légitimité et va nous permettre de proposer plus de créations. »

Un appel à projets solidaires

Peu à peu, constate Patrick Penot, « la Métropole esquisse le début d'une politique culturelle. Elle n'a pas d'histoire en la matière. Auparavant, le Grand Lyon finançait deux grands festivals : les Biennales. Même le Festival Lumière ne se faisait pas au titre de la culture mais du patrimoine. Quant aux Nuits de Fourvière, ils les ont récupérées du Département. »

Parallèlement à ces dotations, la Métropole lance le 28 septembre un appel à projet "Culture(s) et solidarités" afin de toucher des personnes éloignées de la pratique culturelle et de l'offre existante.  Ouvert aux professionnels de toutes les disciplines œuvrant dans le champ de la médiation culturelle, ce dispositif sera financé à 50% maximum du montant total des dépenses. Et une enveloppe de 67 400€ est attribuée à ce nouveau chantier. Clôture des appels à projets le 3 décembre prochain.


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