Frères Ennemis

de David Oelhoffen (Fr-Bel, 1h51) avec Matthias Schoenaerts, Reda Kateb, Sabrina Ouazani...


Capitaine des stups, Driss a grandi dans une cité où il a conservé quelques contacts. Dont Imrane, qui le tuyaute sur un gros coup à venir. Quand celui-ci se fait descendre, et que tout accuse Manuel, Driss tente de renouer avec cet ancien pote dont la tête semble mise à prix…

S'il ne l'avait déjà choisi en 2006 pour un excellent thiller, David Oelhoffen aurait pu prendre Nos retrouvailles pour ce polar nerveux et immersif, dont le mouvement général tranche avec celui communément observé dans ce genre auquel il se rattache. Bien souvent en effet, les films traitant de la criminalité et des bandes organisées dans les cités de banlieue s'inscrivent dans un schéma de réussite fanstamée et d'extraction du milieu originel : le banditisme semblant la seule voie pour s'en sortir vite et gagner de l'argent, ainsi que les territoires respectables de la ville.

Dans Frères ennemis, ce n'est pas la sortie qui est prohibée, mais l'entrée : les personnages ne peuvent que rarement pénétrer normalement dans un logis (y compris le leur) : il leur faut passer par la fenêtre, les caves ou en douce, à l'instar de Driss, banni par les siens parce qu'il a eu la mauvaise idée de devenir flic ou de Manuel, soupçonné d'avoir plombé son équipier. C'est une vie de couloirs et de rues, sans trêve ni repos que Oelhoffen symbolise ici : l'existence ordinaire du délinquant, dont il tient à révéler le sordide et l'absence totale de ce romantisme si couramment véhiculé. La solitude, également, hors du clan qui se proclame famille mais ne pense qu'à ses intérêts. Un propos socio-politique fort aux allures de conte moral servi par une distribution impeccable.


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