Venet, vidi, vici

Le Musée d'Art Contemporain présente une rétrospective XXL consacrée à Bernar Venet, en 170 œuvres datant de 1959 à aujourd'hui, souvent démesurées et... pesantes.


« Je suis venu, j'ai vu, j'ai vaincu » pourrait être une phrase de Bernar (sans "d") Venet. De César (l'artiste), il fut proche, et de César (l'empereur romain) il a certainement l'ego et la folie des grandeurs... Le fringant septuagénaire originaire des Hautes-Alpes aurait, en effet, quand on l'écoute, à peu près tout inventé ou anticipé de l'histoire de l'art de la seconde moitié du 20e siècle. La première sculpture informelle ? C'est lui, laissant du charbon en tas à Nice en 1963. L'utilisation de la ligne aléatoire en sculpture ? Lui encore, à travers de nombreuses œuvres depuis les années 1970. La peinture noire réalisée avec des pieds ? Lui toujours, au cours de son service militaire ! Et du côté du minimalisme, de l'art géométrique et de l'art conceptuel, il aurait été parmi l'un des premiers Français à s'y lancer, aidé par ses "cousins" américains, car c'est à New York et  aux États-Unis que l'artiste trouvera écho et succès, trouvant là un espace où déployer son énergie débordante.

Nanar contemporain ?

« Quand je m'attaque à un nouveau domaine, je fonce et j'y vais » résume, dans un mélange improbable de bonhomie et de confiance en soi survitaminée, Bernar Venet. Et, il faut reconnaître que "ça" marche, que les œuvres presque toujours surdimensionnées de l'artiste sont vraiment impressionnantes. Il en fait des tonnes (certaines sculptures en acier corten pèsent jusqu'à... 200 tonnes !) et l'on ne s'ennuie guère en parcourant les trois étages du musée, où sa rétrospective a été conçue en rétropédalant dans le temps : d'aujourd'hui et ses spirales d'acier aux premiers essais de peinture pédestre en 1959, en passant par toute une période conceptuelle où l'artiste représentait notamment des courbes ou des équations mathématiques... Mais si vous voulez conserver un sentiment entièrement positif de cette exposition (tour à tour impressionné, amusé, surpris...), ne faites pas la même erreur que nous : ne parcourez pas l'exposition deux fois ! Car au second regard, les œuvres de Venet ne tiennent guère (trop répétitives, esthétisantes, tape-à-l'œil), comme une énorme baudruche d'acier ou de charbon qui se dégonfle, malgré le souffle surhumain de l'artiste.

Rétrospective Bernar Venet
Au Musée d'Art Contemporain ​jusqu'au 6 janvier 2019 


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