Yael Naïm : « avec les Métaboles, j'ai découvert que je pouvais aller encore plus loin »

Il y a un peu plus de deux ans, Yael Naïm livrait trois Petit Bulletin Live pleins à craquer avec le Quatuor Debussy, dont deux à la Chapelle de la Trinité. Et c'est en cette même chapelle qu'elle revient à l'occasion du Petit Bulletin Festival, dans une toute autre configuration. Cette fois c'est avec le chœur Les Métaboles que la musicienne et chanteuse vient présenter un projet inédit ici, initialement créé pour la Philharmonie de Paris.


Pouvez-vous nous présenter Les Métaboles, le chœur qui vous accompagnera sur la scène de la Chapelle de la Trinité ?
Yael Naim : Ce qui est particulier avec eux, c'est qu'au-delà du classique, ils ont un état d'esprit et une ouverture vers d'autres genres de musique. C'est un chœur qui peut chanter a cappella, avec un orchestre classique, ou comme dans notre cas, avec des musiciens pop. Il y a différents types de chorales, chacune a un peu sa texture, sa couleur, et sa démarche, et on a d'emblée aimé celle des Métaboles qui est vraiment particulière. Le fait qu'ils soient justement ouverts à d'autres expériences a rendu la rencontre vraiment intéressante. Accessoirement, en plus d'être incroyables musicalement, ils sont très gentils et très cool. Parfois dans le classique, les choses sont très institutionnelles, très cadrées, avec eux c'était très libre.

Comment avez-vous fait leur connaissance ?
On cherchait un chœur pour mener à bien une carte blanche à la Philharmonie de Paris. Au départ on nous a parlé du Jeune Chœur de Paris qui collabore souvent avec la Philharmonie. On était donc parti pour faire le concert avec eux. Mais il y a eu un malentendu sur les dates de résidence à la Philharmonie. Le jeune chœur de Paris n'était pas libre à ce moment-là. Et comme c'était la première fois que j'écrivais pour un chœur, il fallait absolument qu'on prépare bien les choses. On s'est donc retrouvé sans et on s'est renseigné pour savoir qui pourrait le remplacer. On a trouvé Les Métaboles. Avec eux, ç'a été sublime dès la première lecture et exactement dans la couleur que je rêvais d'entendre.

Vous aviez composé des chansons exprès pour ce projet ?
Non, les chansons naissent parce que je vis des choses. Ensuite, elles peuvent être adaptées pour piano-voix, pour un chœur, une fois qu'elles sont là elles peuvent prendre une infinité de formes. Sur le projet avec Les Métaboles, j'ai adapté pour des chœurs les chansons qui me touchaient le plus.

Comment est-ce que vous avez travaillé avec eux sur l'adaptation et la mise en scène de ces chansons ?
Ç'a été très rapide, parce que Les Métaboles sont déjà un chœur formé donc tout va beaucoup plus vite parce que le son est déjà là. On a fait une résidence de deux jours avant le concert de la Philharmonie et hop ! (rires). C'est ça qui était impressionnant par rapport à d'habitude parce que quand vous faites de la pop tout le monde n'est pas forcément lecteur de partitions : là j'ai fait les chœurs sur ordinateur, on a fait les partitions, on a peaufiné les choses en résidence et c'était tout de suite impressionnant, toutes les nuances indiquées sur les partitions étaient immédiatement là. Je découvrais tout de suite transposé dans la réalité ce que j'avais dans la tête.

Ce n'est pas la première fois que vous travaillez avec des chœurs : vous avez travaillé avec des chœurs d'enfants,  gospel, avec les 3somesisters... C'est un aspect de votre travail dont vous n'avez pas encore fait le tour ?
La voix c'est là où je suis capable de mieux maîtriser les choses. Je peux écrire pour des cordes ou des cuivres mais ma connaissance sera toujours plus limitée dans ce domaine, car je n'ai pas fait d'études d'orchestration. Alors que dans le cas des chœurs, je peux explorer plein de choses et même les faire aller sur des terrains dont ils n'ont pas l'habitude. C'est là où je m'exprime et m'amuse le plus librement. Depuis le 1er album avec New Soul, j'ai utilisé les chœurs de plein de manières différentes et c'est vrai que l'on aurait pu penser que j'étais arrivée en fin de cycle, que j'avais fait le tour de tout ça. Mais grâce à cette expérience, le fait de travailler avec une autre entité de chœur, une autre texture, je découvre que ce n'est pas fini et que je peux aller encore plus loin dans la recherche sur ce terrain là.

Cette rencontre est né d'une carte blanche à la Philharmonie de Paris, le projet se prolonge à la Chapelle de la Trinité, a-t-il vocation à durer à la fois sur scène et éventuellement sur disque ?
C'est un peu le mystère de ce genre de création que l'on fait souvent entre les albums : ça ouvre l'appétit vers des choses qu'on ne soupçonnait pas. Je ne garantis rien mais tout ce qu'on a pu développer avec Les Métaboles et dont je parlais me donne envie de peut-être continuer. Ce concert à la Chapelle de la Trinité a d'ailleurs été une opportunité de le faire. Ça va être complètement différent de ce qu'on a pu faire dans la grande salle de la Philharmonie : on va essayer de faire quelque chose d'un peu plus fragile, parce que justement la réverbération de la Chapelle nécessite une autre approche, une autre lecture.

Yael Naim et Les Métaboles
À la Chapelle de la Trinité le dimanche 28 octobre


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