Dilili à Paris

de Michel Ocelot (Fr-Bel-All, 1h35)


1907. Exhibée comme un animal exotique à l'occasion de l'exposition coloniale, la petite Kanake Dilili profite de ses heures libres pour enquêter dans le Paris de la Belle Époque sur la disparition de gamines derrière lesquelles se cache un gang d'apaches blancs mâles hétéro cis…

Depuis Kirikou et la Sorcière (1998) chaque nouvelle œuvre de Michel Ocelot est ardemment attendue. Moins par les enfants que les adultes, certes, lesquels apprécient l'originalité stylistique de ce conteur refusant de se soumettre aux diktats censoriaux comme aux modes. Alors, quelle déception de le découvrir chausser d'énormes sabots pour dénoncer les dérives du machisme et du patriarcat. Lui d'ordinaire si subtil dans son usage de la parabole — voir Kirikou où la sorcière Karaba, qui fait disparaître les hommes après avoir été piquée au bas du dos par une épine empoisonnée, peut ainsi être considérée comme la figure centrale d'un rape and revenge métaphorique — conforme ici l'histoire et l'Histoire à son message, peu importent les incohérences ou les anachronismes. 

Bien sûr, la forme reste originale et splendide, mais la structure narrative se trouve affaiblie par les bonnes intentions trop explicites. Ainsi que par un défilé ininterrompu de célébrités — une foule comptant Marie Curie, Proust, Eiffel, Pasteur, Sarah Bernhardt, Louise Michel, le futur George V etc. — tenant du carnaval. Sans parler du gimmick verbal de Dilili, répétant d'un ton maniéré à chacune et chacun, révérence à l'avenant, « je suis heureuse de vous rencontrer ». À la dixième fois, on a envie de la bâillonner. Contre-productif.


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