Adrien Bosc : Ô Capitaine, mon capitaine


« Nous ne pouvons connaître le goût de l'ananas par le récit des voyageurs » écrivait Leibniz. À l'inverse Blaise Cendrars répondait à ceux qui lui demandaient s'il avait vraiment pris le Transsibérien « Qu'est-ce que ça peut faire, puisque je vous l'ai fait prendre à tous ? ». C'est cette approche qu'investit une fois encore Adrien Bosc avec Capitaine, qu'il viendra présenter le mardi 16 octobre à Passages.

Soit l'histoire du Capitaine Paul-Lemerle, bateau qui, en mars 1941 quitte le port de Marseille, direction le Nouveau Monde, rempli de réfugiés parmi lesquels de nombreux intellectuels et artistes (André Breton, Claude Lévi-Strauss, Wifredo Lam, Victor Serge, Ernst Kantorowicz...) dont le régime de Vichy ne veut pas s'embarrasser. De chacun, l'auteur va dresser le portrait.

Travaillant la mise en abîme, Adrien Bosc interroge ici tout autant les notions de voyage et de "hasard objectif" énoncé par les surréalistes (la rencontre entre Breton et Aimé Césaire aux Antilles ne tient qu'à l'achat d'un ruban). Surtout il tente de résoudre dans ce roman passionnant en dépit de quelques longueurs, l'impossible équation du caractère artistique du document.


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