Le Grand Bain

de Gilles Lellouche (Fr., 2h02) avec Mathieu Amalric, Guillaume Canet, Benoît Poelvoorde…


Chômeur dépressif, Bertrand rejoint un groupe de bras cassés, tous vaguement en déroute personnelle, pour former une très baroque équipe de natation synchronisée masculine. Entraînés par deux ex championnes azimutées, les gars vont se révéler aux autres et à eux-mêmes…

Gilles Lellouche réalisateur, ce n'est pas une nouveauté : co-auteur de courts ainsi que d'un long avec son ancien complice Tristan Aurouet (Narco, 2004), il avait aussi participé à la trop inégale (dé)pantalonnade Les Infidèles (2012) avec un autre de ses potes, Jean Dujardin. En revanche, c'est la première fois qu'il se retrouve en solo derrière la caméra pour un long. Si son fidèle Guillaume Canet figure au générique, il n'en est pas le centre de gravité : Le Grand Bain est une authentique histoire sur le groupe et la force de l'union. Pas d'un club de quadra friqués pérorant en buvant des huîtres ; plutôt une collection de paumés de la classe jadis moyenne confrontée aux fins de mois difficiles et/ou à la maladie, à l'évanouissement de ses rêves. Comme des relents de cinéma social anglo-belge…

Plaçant son film sous le signe d'un casse-tête géométrique (la quadrature du cercle), Lellouche revendique d'entrée l'échec ; sans doute pour mieux le conjurer et rendre l'équipée de ses perdants plus respectable. S'il charge la barque de ses personnages (patron caractériel, gérant escroc, employé communal lunaire, coach psychopathe, vieux métalleux à la dérive, etc), le trait est épaissi non pour mépriser mais pour donner de la présence et du poids.

Comédie “d'accomplissement“ (vu l'âge des protagonistes, on ne peut décemment pas dire initiatique), Le Grand Bain doit à l'éclectisme de sa distribution masculine ET féminine ; une somme d'interprètes venus d'horizons aussi divers que ceux qu'ils campent. On ne serait pas étonné de le voir surnager dans les hauteurs du box-office en fin d'automne.


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