Credo lumineux

Au Couvent de la Tourette conçu par Le Corbusier, une très belle exposition est consacrée au vitrail contemporain. Avec une trentaine d'artistes d'obédiences esthétiques diverses, n'ayant qu'une foi commune : la lumière et la couleur.


Dans les églises, le vitrail, comme bien d'autres surfaces peintes, a pour fonction habituelle de représenter et de raconter des épisodes bibliques. L'art et la beauté sont intimement liés au récit... Après la fin de la Seconde Guerre mondiale (et ce n'est peut-être pas un hasard, tant celle-ci a fait vaciller nos croyances), l'art religieux se risque au modernisme, et l'on invite en particulier des artistes comme Matisse, Fernand Léger ou Alfred Manessier à créer des vitraux. Manessier, à l'Église des Bréseux, réalise notamment les premiers vitraux non figuratifs. Depuis, les commandes publiques se sont multipliées et les ouvertures de lumière des édifices religieux ont été peintes à toutes les sauces : géométrique, figurative, minimaliste, monochrome, pop... Et signées par les plus grands noms de l'histoire de l'art récente : Vieira Da Silva, Ubac, Olivier Debré, Robert Morris, Pierre Soulages, Gérard Garouste, Sarkis, Claude Viallat, Markus Lüpertz...

Œcuménisme esthétique

Le frère Marc Chauveau, à la Tourette, a eu l'idée aussi improbable que géniale de vouloir montrer ce mouvement hétérogène de création des années 1970 à aujourd'hui, à travers les réalisations d'une trentaine d'artistes (que nous avons commencé à citer ci-dessus). Idée improbable, puisque les vitraux par définition ne sont pas déplaçables, et qu'ils s'ancrent même dans une architecture et une géographie précises. Mais des vitraux d'essais ont été conservés et constituent en eux-mêmes de véritables petits chefs-d'œuvre que l'exposition, à la Tourette, met en valeur grâce à la grande luminosité du couvent, et ses ouvertures, tantôt sur la nature, tantôt sur des fragments du bâtiment du Corbusier. Le tout est accompagné d'esquisses et de peintures préparatoires, et d'une riche documentation. Contre toute attente, l'exposition s'avère ainsi aussi passionnante sur le plan historique, que stimulante sur le plan esthétique. Les styles les plus contraires, les écoles les plus antagonistes parviennent à se retrouver, humblement, sur une mince surface de verre, quelques lignes et couleurs, traversés de lumière.

Le vitrail contemporain
Au Couvent de La Tourette à Éveux ​jusqu'au 22 décembre 


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