Le paradoxe de l'imposture


C'est l'une des "missions" de la collection Paradoxe des éditions de Minuit que d'aller forer les entrailles de la littérature pour en extraire – dans une approche souvent joueuse et malicieuse – les contradictions ou les secrets, les rapports ambivalents aussi qu'entretiennent avec elles auteurs, lecteurs mais aussi personnages de fiction, dont les frontières sont parfois floues.

C'est ainsi régulièrement le cas sous la plume du prolifique Pierre Bayard (Comment parler des livres que l'on n'a pas lus, Et si les œuvres changeaient d'auteur, Le Plagiat par anticipation, Le Titanic fera naufrage...) ou de William Marx (Vie du Lettré, L'Adieu à la littérature, La Haine de la littérature...).

L'universitaire lyonnais, maître de conférences à l'Université Lille 3, Maxime Decout s'est fait lui, entre autres spécialités, celle de s'attaquer à la question des relations complexes de la littérature avec l'authenticité et le sens dans une trilogie entamée en 2015 avec En toute mauvaise foi. Sur un paradoxe littéraire, suivi de Qui a peur de l'imitation ? (2017) sur la question de la littérature comme massivement soumise à la pratique de l'imitation.

Deux ouvrages théoriques passionnants complétés aujourd'hui par Pouvoirs de l'imposture où l'auteur reprend une partie des thèmes abordés précédemment. Plus précisément, l'auteur nous plonge ici dans une réflexion sur une partie de la littérature des XXe et XXIe siècle explorés à partir du fil commun de l'imposture – en tant que figure, sous différentes configurations, d'un arrangement avec le réel – et de l'enquête – que constitue la lecture pour déjouer les manipulations de l'écriture –, contre ce qu'il appelle « l'idiotie » du réel.

Et en s'attaquant à cet acte de supercherie assumée en souligne le caractère paradoxalement révélateur, au sens premier du terme.

Maxime Decout, Pouvoirs de l'imposture (Minuit / Paradoxe)


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