Kursk

de Thomas Vinterberg (Bel-Lux, 1h57) avec Matthias Schoenaerts, Léa Seydoux, Colin Firth…


Août 2000. Victime d'une avarie grave, le sous-marin nucléaire russe Kursk gît par le fond en mer de Barents avec quelques survivants en sursis. Les tentatives de sauvetage par la flotte nationale ayant échoué, la Royal Navy propose son aide. Mais Moscou, vexé, fait la sourde oreille…

On avait quitté Thomas Vinterberg évoquant ses souvenirs d'enfance dans La Communauté, récit fourmillant de personnages centré sur une maison agrégeant une famille très élargie. Le réalisateur de Submarino — faut-il qu'il soit prédestiné ? — persiste d'une certaine manière dans le huis clos avec cette tragédie héroïque en usant à bon escient des “armes“ que le langage cinématographique lui octroie. Sobrement efficace (l'excès en la matière eût été obscène), cette superproduction internationale travaille avec une enviable finesse les formats d'image pour modifier le rapport hauteur/largeur et ainsi renforcer l'impression d'enfermement, comme elle dilate le temps ou le son dans les instants les plus critiques. Vinterberg comble ainsi le désir et la nécessité de spectaculaire sans sacrifier l'éthique : il sait qu'on “n'enjolive“ pas des faits historiques pour convenances personnelles.

Kursk résonne étrangement avec l'actualité, alors que les tensions est/ouest dont on espérait qu'elles appartenaient à un passé enfoui, regèlent. Mais bien au-delà d'une mise en cause de la poutinocratie naissante, ou d'une révélation de l'état de délabrement d'une marine honteusement sous-entretenue, ce film raconte l'obstination mortifère des nations et des militaires — quel que soit leur pavillon — jaloux de leurs joujoux rouillés, plus prompts à sauver leurs vaniteuses apparences que leurs marins.


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