Les Confins du monde

de Guillaume Nicloux (Fr, 1h43) avec Gaspard Ulliel, Guillaume Gouix, Gérard Depardieu…


Indochine, 1945. Rescapé par miracle de l'exécution d'un village où son frère a péri, le soldat Robert Tassen reprend du service afin de châtier l'auteur du massacre, un chef rebelle. S'il n'hésite pas pour cela à recruter d'anciens ennemis, il est aussi chamboulé par Maï, une prostituée…

Deux séquences étrangement symétriques encadrent ce film dont le décor et l'histoire sont imprégnés par la guerre, mais qui transcendent ce sujet. Deux séquences où l'absence de mots dits font résonner le silence ; un silence éloquent renvoyant indirectement à l'assourdissante absence de représentation de la Guerre d'Indochine, cette grande oubliée des livres d'Histoire, enserrée qu'elle fut entre 39-45 et les “événements“ algériens. Une guerre sans mémoire (ou presque), dont l'essentiel de la postérité cinématographique repose sur Pierre Schoendoerffer. 

Une quasi “terre vierge“ historique donc, où Nicloux greffe ses obsessions, notamment le principe d'une quête (ici dissimulée en vengeance) plus métaphysique que réelle.

La forme, volontairement elliptique, tirant sur l'abstraction, ne fait pas obstacle à l'affirmation d'un point de vue politique. Toutes proportions gardées, avec son personnage de soldat aux auras mystiques tournant casaque dans la jungle vietnamienne, Les Confins du monde peut se concevoir comme la répétition générale d'Apocalypse now, en version française. L'horreur, à l'origine.


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