Marche ou crève

de Margaux Bonhomme (Fr, 1h25) avec Diane Rouxel, Jeanne Cohendy, Cédric Kahn…


Elisa vit avec son père et sa sœur Marion dont le handicap a eu raison du noyau familial : la mère, épuisée de s'en s'occuper et seule à militer pour un placement en institution, a préféré quitter la maison. Alors Elisa prend le relai de son père, au risque de sacrifier son avenir…

La dédicace finale, “à ma sœur“, laisse peu de doute sur l'inspiration de Margaux Bonhomme, et sur la charge personnelle autant qu'affective pesant sur ce film. De fait, Marche ou crève déroule un schéma tristement banal dans la galaxie du handicap : nombreuses sont les familles à connaître une rupture, favorisée par la polarisation extrême suscitée par l'enfant réclamant une attention plus soutenue mais résultant aussi de l'accumulation de stress et de fatigue causée par l'absence de relais par des tiers — on parle là de conséquences privées et intimes d'une politique publique insuffisante.

Ici, ni la mère, ni le père, ni la sœur ne veulent être soupçonnés de mal aimer Marion — ce que signifie le recours au placement en institution —, et ils s'obstinent dans le dévouement sacerdotal jusqu'à un isolement mortifère. Revenant à plusieurs reprises dans le film, l'image de la varappe et du mur face auquel on tente de s'accrocher à mains nues, est bien trouvée : sans partenaire, ni sécurité et à bout de force, on finit par s'écraser. C'est ce qui menace Elisa — et en définitive, Marion. Un film courageux sur une forme de renoncement et d'acceptation, moins définitive qu'un deuil.


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