Pachamama

de Juan Antin (Fr, 1h12) avec les voix de Andrea Santamaria, India Coenen, Saïd Amadis…


La statuette de Pachamama, la déesse protectrice garante de la fertilité des récoltes de leur village, ayant été subtilisée par le collecteur d'impôts, deux enfants se rendent à Cuzco, la capitale Inca, afin de la récupérer. Pile au moment où les Conquistadores débarquent…

Terrible dans ce qu'il raconte des attaques commises contre des civilisations et peuples précolombiens, ce conte ne se distingue pas seulement par sa tonalité historico-politique bienvenue : il fait se répondre fond et forme. À l'instar de Brendan et le Livre de Kells qui semblait donner vie à des motifs gaéliques, Pachamama adopte un style graphique atypique faisant écho aux esthétiques, couleurs et représentations artistiques andines. 

Visuellement éclatant, le résultat tranche parce qu'il prend des libertés avec la doxa animée — des entorses à la règle à mettre en regard avec la poésie magique dont le film de Juan Antin est nimbé : la poésie comme la magie ont la faculté, voire l'obligation de s'autoriser toutes les transgressions. Et comme tout film d'apprentissage et d'émancipation, il porte aussi une morale dont la valeur est décidément plus précieuse que cet “oro“ rendant fous les envahisseurs espagnols : la terre nourricière doit être préservée car elle EST un trésor qui rend chaque année ce qu'on lui confie, avec intérêts. Cette leçon, qui vaut bien non pas un fromage, mais des récoltes, demeure d'actualité.


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