Emily Witt a enquêté, durant quatre ans. Quatre ans d'immersion dans un monde mouvant : le sexe. Elle en a fait un livre, Future Sex, qui raconte nos relations à l'heure du digital, de l'accélération et des questionnements autour de l'identité. Elle s'est fait cobaye de son expérience, testant la méditation orgasmique comme les virées échangistes au Burning Man et la tendance polyamour. Contributrice du New Yorker, l'autrice de non-fiction en a tiré un récit épatant non pas sur ce qui va arriver à nos fantasmes, mais bien sur ce que le sexe veut dire aujourd'hui pour toute une génération qui n'a pas vécu les grandes heures de l'amour libre des seventies, mais découvre le dépucelage post-Internet.
L'on y plonge dans le plus trash, comme ces humiliations en public dans des bars de San Francisco - Public Disgrace, d'une victime consentante drivée par une maîtresse sadique (Princess Donna, offerte à des individus lambda participant ou matant. On navigue entre les sites de rencontres amoureuses online, ou encore de masturbation amateur comme l'étonnant Chasturbate. À 30 ans, après une rupture, Emily Witt s'essaye à tout ça - ou se contente de l'observer - et le raconte avec une plume alerte, entre doutes et enthousiasmes, mêlant considérations toutes personnelles (comment regarder du porno l'a aidé à s'accepter), comme observations sur l'époque - la codification des comportements, le hashtag pour chaque pratique, la remise en question de certains regards, par exemple sur une sexualité féministe qui n'empêcherait pas l'objectification choisie. Lecture passionnante, et pour ne rien gâcher, drôle : elle sera à Lyon à l'invitation conjointe de Super Demain et d'Only Porn.
Emily Witt, Future Sex (Seuil)
Au Lavoir Public dans le cadre de Only Porn le mardi 18 décembre à 19h
Peut-on s'aimer grâce aux réseaux ?
Au Palais de la Bourse dans le cadre de Super Demain le dimanche 16 décembre à 16h